Si le Luxembourg n’a pas la taille d’un géant, il s’affirme pourtant comme l’un des territoires les plus avancés d’Europe en matière d’électromobilité. En quelques années, le Grand-Duché a su bâtir une stratégie claire : densifier son réseau de recharge et accompagner les particuliers et les entreprises.

Un parc automobile qui s’électrifie rapidement
La croissance, c’est sûrement le mot qui définit le mieux la situation du parc automobile électrique luxembourgeois. Si l’on reprend les chiffres des trois dernières années, l’évolution à la hausse est palpable. En 2022, les véhicules électriques ne représentaient encore que 3,4 % du parc automobile luxembourgeois. Un an plus tard, cette part a presque doublé pour atteindre, selon le ministère de la Mobilité, environ 6,5 %. Fin 2024, le Luxembourg comptait plus de 32 000 véhicules 100 % électriques en circulation dans le pays, soit près de 7 % du parc automobile national.
En ajoutant les hybrides rechargeables, plus d’un véhicule sur dix circulant dans le pays est désormais électrifié. C’est une croissance qui ne semble pas vouloir s’arrêter et, pour preuve, elle se confirme en 2025 : au premier semestre, les voitures électriques représentaient environ 26 % des nouvelles immatriculations, plus d’un quart. C’est un rythme qui rassure les autorités puisque l’objectif gouvernemental fixé dans le Plan national d’énergie et de climat (PNEC) est d’atteindre 49 % de véhicules électrifiés à l’horizon 2030. Ambition claire pour ce petit pays dans lequel les distances sont courtes et les habitudes de recharge domestique déjà bien ancrées.
Un réseau de recharge exemplaire
Le Luxembourg dispose aujourd’hui d’une densité de bornes parmi les plus élevées d’Europe. En effet, selon les données de l’ACEA (Association des constructeurs européens d’automobiles), le Grand-Duché se classe parmi les tout premiers pays européens en densité de bornes de recharge pour véhicules électriques rapportée à la superficie du territoire. Deuxième au classement avec, en moyenne, 34,5 bornes tous les 100 kilomètres, intercalé entre les deux géants de l’électromobilité : les Pays-Bas (47,5 bornes / 100 km) et l’Allemagne (19,4 bornes / 100 km). À titre de comparaison, la France se place dixième avec 4,1 bornes tous les 100 kilomètres.
Une densité importante et un classement que le pays doit à son réseau public de recharge « Chargy », lancé en 2017, qui compte plus de 666 stations de recharge réparties dans tout le pays (une station de recharge représente deux bornes de recharge, donc 1 332 points de recharge disponibles). En parallèle, « SuperChargy » déploie des bornes rapides et ultra-rapides sur les grands axes, notamment le long des autoroutes et dans les zones urbaines stratégiques. Mais depuis le 16 juin, Chargy est passé dans le domaine privé. Le ministre luxembourgeois de l’Économie, des PME, de l’Énergie et du Tourisme a signé un arrêté attribuant la concession de service public pour l’exploitation de l’infrastructure nationale de bornes de recharge publiques pour véhicules électriques à un acteur privé : le consortium charge@lux, composé d’Electris, Cube4T8 et Socom. Ce changement a pour objectif d’harmoniser les tarifs, d’améliorer la maintenance et de garantir un maillage homogène du territoire. Au total, on recense aujourd’hui près de 3 000 points de recharge publics, un chiffre en hausse de plus de 20 % par rapport à 2023. Un maillage puissant et efficace qui permet à n’importe quel Luxembourgeois de se trouver à proximité d’une borne de recharge publique.
Mais les actions pour améliorer l’accès à la recharge ne se limitent pas aux initiatives gouvernementales. La force du pays réside dans l’innovation de ses communes. Exemple concret : à Esch-sur-Alzette, deuxième ville du pays, le projet « Sudstroum Slow Charge » a vu le jour. L’idée : recharger son véhicule électrique directement via les lampadaires publics… une première au Luxembourg.

Zoom sur GridX : un moteur d’innovation pour l’électromobilité au Luxembourg
Fidèle à ce pays qui ne cesse d’innover, le projet GridX, a été inauguré le 18 septembre 2025 à Wickrange. Imaginé par le groupe Giorgetti, ce complexe inédit de près de 42 000 m² se veut la première destination “multi-expériences” d’Europe, mêlant commerce, gastronomie, hôtel, culture mais aussi et surtout, mobilité. Doté d’une galerie automobile unique en son genre, où se côtoient toute l’année des marques de prestige comme Alpine, Bentley ou Ducati, cet espace flambant neuf se présente comme « un musée ou un temple de la mobilité ».
En effet, au delà de la galerie automobile, ce lieu est un véritable cluster dédié à l’automobile, avec des services de conciergerie, des simulateurs de conduite, ainsi qu’un partenariat avec le musée MAUTO de Turin. Bien que GRIDX ne soit pas exclusivement dédié aux véhicules électriques, son espace et son regard sur la mobilité électrifiée en fait un acteur pertinent pour le secteur.
• Ses espaces offrent au public une vitrine physique pour les marques du secteur de la mobilité électrique mais sert aussi de showroom permanent pour les constructeurs premium. Un vrai point positif pour ce milieu qui a besoin de renforcer sa visibilité auprès du grand public.
• Il crée un point de convergence entre services de recharge, véhicules haut de gamme et expérience client, ce qui peut faciliter l’intégration de bornes de recharge, solutions d’infrastructure ou flottes premium.
• Grâce à son concept « mobilité + lifestyle + business », GRIDX peut accueillir des acteurs de l’électromobilité (start-ups, fournisseurs, équipementiers).
Par son envergure et son caractère innovateur, GridX Luxembourg devient ainsi bien plus qu’un centre commercial. Il représente le symbole du renouveau automobile, une vitrine de l’innovation et une preuve supplémentaire que le Luxembourg, continue d’imaginer grand quand il s’agit d’avenir et de mobilité durable.
Des distributeurs présents
Pour répondre aux exigences gouvernementales en matière de voitures électrifiés et à une demande des clients en constante augmentation, les distributeurs et concessions de voitures ont dû s’adapter. Lors de l’édition 2025 du salon Autofestival qui rassemble les distributeurs automobiles au Luxembourg il est indiqué qu’environ 90 concessions participaient, preuve que l’électromobilité occupe désormais une place centrale sur le marché.
Parmi ceux-là figurent Losch Luxembourg, Car Avenue et le groupe Autosphère, trois groupes incontournables du paysage automobile luxembourgeois.
• Losch Luxembourg, importateur officiel des marques du groupe Volkswagen (Volkswagen, Audi, Škoda, SEAT/CUPRA, Porsche, etc.), est le leader national du secteur. Investisseur massif dans la mobilité électrique il propose une large gamme de véhicules 100 % électriques et hybrides rechargeables.
• Car Avenue, réseau présent au Luxembourg, entre autres (France, Belgique, Allemagne), distribue des marques comme Mercedes-Benz, Smart, Peugeot ou Opel. L’offre électrique s’est elle aussi largement élargi, proposant la plupart des modèles en vogue.
• Le groupe Autosphère, le groupe français est désormais présent sur le marché luxembourgeois, et représente plusieurs marques généralistes et premium. Il met en avant la mobilité verte en proposant des véhicules électriques et hybrides rechargeables.
Des entreprises traditionnelles qui, en quelques années, ont su se réinventer pour devenir des acteurs clés de la transition vers la mobilité électrique.

Une politique en soif de progrès
Depuis plus d’une décennie, le gouvernement luxembourgeois soutient activement la transition énergétique. Les particuliers bénéficient de primes à l’achat pouvant atteindre 6 000 € pour l’acquisition d’un véhicule électrique neuf, tandis que l’installation d’une borne domestique est subventionnée jusqu’à 50 % du coût total, dans la limite de 1 650 €. L’État maintient également des exonérations fiscales partielles pour les flottes d’entreprises. En 2025, un programme européen d’investissement de 30,5 millions d’euros a été alloué au Luxembourg pour renforcer l’infrastructure publique et soutenir le déploiement de bornes rapides dans les zones périurbaines.
Un modèle énergétique favorable
L’ambition d’un quotidien plus propre est également facilitée par le fait que le pays tire profit d’un mix électrique faiblement carboné, alimenté en grande partie par des importations issues de pays voisins (France, Allemagne) et par une part croissante d’énergies renouvelables locales. Cette configuration permet aux véhicules électriques de présenter une empreinte carbone bien inférieure à la moyenne européenne. En effet, selon une étude de Klima-Agence, l’empreinte carbone d’un véhicule électrique au Luxembourg est de 70 g CO₂/km sur 200 000 km de cycle de vie. Comparé à la moyenne européenne, estimée entre 90 et 120 g CO₂/km selon le mix énergétique du pays, le Luxembourg se place dans le haut du panier. Les autorités travaillent à verdir davantage la recharge grâce notamment à leur partenaire Encevo et à ses filiales, groupe énergétique de référence au Luxembourg, pour alimenter progressivement les bornes en électricité 100 % verte.
Des défis à anticiper
Le Luxembourg, petit par sa taille mais grand par sa transition, n’est pas pour autant exempté des défis qui touchent les territoires. En effet, comme chez ses voisins, l’électrification des poids lourds et des utilitaires reste en marge. Pour franchir ce nouveau cap complexe, il faudra développer les infrastructures adaptées et électrifier les poids lourds. En effet, les véhicules utilitaires lourds (PL + VUL) sont responsables de plus de 25 % des émissions du transport routier au Luxembourg. Autre enjeu : parvenir à moderniser les bornes de recharge face à la multiplication des bornes rapides. L’identification des zones urbaines à renforcer prioritairement a d’ailleurs déjà été réalisée par une étude du ministère de l’Énergie. Enfin, même constat que dans le reste de l’Europe : bien que le coût d’usage d’un véhicule électrique soit avantageux, son prix d’achat reste élevé, ce qui freine encore certains automobilistes à passer le pas, malgré les primes existantes.
Un pays aux grandes ambitions
En misant sur la cohérence et la planification, le Luxembourg démontre, avec ces chiffres, qu’un petit pays peut être plus évolué qu’un grand. Le pays a su tirer profit de son territoire avec un modèle qui repose sur le développement des infrastructures de recharge, les incitations financières claires grâce aux aides de l’État et une énergie propre. Avec un marché en croissance constante, le voisin frontalier de la France s’impose comme l’un des exemples les plus réussis de l’électromobilité en Europe.















