En 2025, le marché américain du véhicule électrique confirme sa montée en puissance, mais révèle aussi une fragilité structurelle. Dopées par l’ultime fenêtre du crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars, les ventes ont atteint un sommet historique au troisième trimestre avant de faire planer le spectre d’un net ralentissement. Entre performances commerciales impressionnantes et incertitudes politiques, l’électromobilité américaine avance à grande vitesse sans garantie de trajectoire stable.

Une croissance spectaculaire, mais sous tension
Le troisième trimestre 2025 restera comme un moment charnière pour le véhicule électrique aux États-Unis. Avec 438 487 unités écoulées, le marché a signé un record absolu, en progression de 40,7 % par rapport au trimestre précédent et de près de 30 % sur un an. Cette envolée s’explique en grande partie par un effet d’anticipation : particuliers et flottes ont accéléré leurs achats avant l’expiration du crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars, pilier central de la politique de soutien à l’électromobilité depuis plusieurs années.
Cette ruée a toutefois un revers. Derrière les chiffres impressionnants du T3 se dessine une volatilité croissante du marché, déjà perceptible dès le premier trimestre. À cette période, la part des véhicules électrifiés s’établissait à environ 9,6% des ventes de véhicules légers neufs. Un niveau légèrement inférieur à la fin de 2024, mais toujours en progression sur un an, signe que la dynamique de fond reste positive malgré des à-coups conjoncturels.

Tesla en locomotive, les généralistes en embuscade
Sans surprise, Tesla conserve son statut de pilier du marché américain. Le Model Y domine largement les ventes avec environ 155 000 unités écoulées sur le seul premier semestre 2025, confirmant son rôle de référence auprès des ménages américains. Le Model 3 reste également un best-seller, avec plus de 52 000 immatriculations dès le premier trimestre, preuve que la marque californienne continue de capter une large part de la demande, y compris dans un contexte de concurrence accrue.
Derrière Tesla, le paysage se diversifie progressivement. General Motors tire son épingle du jeu avec le Chevrolet Equinox EV, qui dépasse les 27 000 ventes sur le premier semestre, tandis que Honda et Hyundai s’installent plus solidement sur le marché grâce au Prologue et à l’Ioniq 5. Cette montée en puissance des constructeurs généralistes traduit une normalisation du véhicule électrique, qui ne se limite plus à un segment technophile ou premium, mais commence à toucher un public plus large.

Un marché soutenu par des objectifs ambitieux
La valeur du marché américain des véhicules électriques devrait atteindre près de 122 milliards de dollars en 2025, avec un taux de croissance annuel composé estimé à plus de 25 % jusqu’en 2028. Cette dynamique repose sur plusieurs leviers structurants : des normes d’émissions toujours plus strictes, des investissements massifs dans les utilitaires et flottes électriques, et des politiques locales particulièrement volontaristes dans certaines grandes métropoles.
À San Francisco, l’objectif de 50 % de véhicules électriques dans les ventes neuves dès 2025 illustre cette ambition territoriale, tandis que New York vise environ 25 % sur la même échéance. À l’échelle nationale, les ventes totales de véhicules légers devraient atteindre environ 16,3 millions d’unités, les véhicules électriques représentant potentiellement jusqu’à 16,7 % du marché selon certaines projections. Des chiffres qui montrent que, malgré les incertitudes, l’électrique n’est plus marginal dans le paysage automobile américain.
Infrastructures, prix et incertitude politique
Reste que plusieurs freins structurels continuent de peser sur la trajectoire du marché. L’infrastructure de recharge, en particulier commerciale et rapide, demeure un point de tension majeur. Si les stations DC multi-chargeurs se multiplient, leur déploiement reste inégal selon les États et insuffisant dans certaines zones rurales ou périurbaines, limitant l’adoption au-delà des grands centres urbains.
L’autre inconnue majeure est politique. La fin du crédit fédéral et l’éventualité d’une administration plus hostile aux subventions et à la réglementation environnementale font planer un doute sur la continuité des aides. Une déréglementation accrue pourrait alléger certaines contraintes pour les constructeurs, mais la suppression des incitations financières risquerait de freiner brutalement la demande, en particulier dans les segments les plus sensibles au prix.
Sources : www.fortunebusinessinsights.com – evlife.world

















