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ExpertisesPublié le 15/12/2025
7 min

Une suite mobile dans les VE Premium


Dans le haut de gamme électrique, le luxe ne se mesure plus seulement en cuir, en puissance ou en accélération. Il se vit. Silencieux par nature, le véhicule électrique premium transforme progressivement son habitacle en “suite mobile”, un espace immersif où son, lumière, écrans et sièges sont orchestrés comme dans un salon ou une salle de cinéma. Derrière cette évolution, une stratégie claire : différencier des VE, parfois techniquement proches, justifier des prix élevés et préparer l’arrivée d’une mobilité plus autonome, où le temps passé à bord devient une expérience à part entière.

Crédit photo : Porsche Taycan électrique – Photos officielles

La nouvelle grammaire du luxe électrique

Le silence est devenu un matériau de design. Là où le moteur thermique imposait ses vibrations et son bruit, le VE offre un espace vierge. Et les constructeurs premium ont bien compris que l’exploiter pour redéfinir le rôle même de l’habitacle devenait un enjeu de taille. Celui-ci n’est plus seulement un poste de conduite, mais un environnement modulable, pensé pour travailler, se détendre, se divertir ou simplement ressentir l’expérience premium. Cette mutation répond aussi à une contrainte industrielle. À mesure que les plateformes électriques se standardisent, que les accélérations instantanées se généralisent et que les autonomies convergent, le risque d’uniformisation augmente. L’habitacle devient alors un terrain de différenciation décisif, capable de créer une signature émotionnelle propre à chaque marque, chaque modèle, chaque situation et de fidéliser une clientèle particulièrement sensible à l’ambiance et à la perception du luxe.

Crédit photo : Porsche Taycan électrique – Photos officielles

Les constructeurs premium partent d’un constat simple : le temps passé à bord évolue. Avec la montée en puissance des aides à la conduite, puis à terme de l’automatisation, le conducteur devient progressivement un occupant. L’habitacle est alors pensé comme une “third place”, entre la maison et le bureau, empruntant ses codes à l’hôtellerie de luxe ou aux salles de cinéma. Sièges massants et ventilés, éclairage adaptatif, interfaces multi-écrans, isolation acoustique renforcée : tout concourt à transformer le véhicule en cocon personnalisé et personnalisable. Cette approche permet aux marques de donner une identité sensible à leurs VE. Au-delà du confort, cette logique sert un discours de valeur. Un habitacle scénarisé permet de justifier des tarifs élevés en mettant en avant une expérience globale plutôt qu’un simple objet roulant. Le VE premium n’est plus seulement vendu pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il fait ressentir.

Crédit photo : Intérieur d’une BMW Neue Klasse – @www.bmw.fr  

Du moteur fantôme au paysage acoustique

Dans ce nouvel univers, le son devient central. BMW a été l’un des pionniers en conceptualisant de véritables “mondes sonores” avec IconicSounds Electric, développés en collaboration avec Hans Zimmer. Chaque mode de conduite dispose de sa signature, synchronisée avec les graphismes et l’éclairage. Sur la génération “Neue Klasse”, le système HypersonX pousse la logique plus loin, avec 43 signaux sonores, une spatialisation 3D et une adaptation fine au style de conduite. Mercedes adopte une approche différente avec ses soundscapes comme Silver Waves ou Vivid Flux, qui donnent une texture futuriste aux accélérations et aux interactions. Associés à un système audio Burmester avec Dolby Atmos, ces paysages sonores enveloppent littéralement les occupants d’une bulle acoustique. Chez Porsche, le Taycan privilégie un son synthétique inspiré de la science-fiction, couplé à un système Burmester 3D et à un traitement Auro-3D. Ces sons participent à la construction d’une identité de marque, tout en accompagnant visuellement et émotionnellement la relation homme-machine.

Certaines marques vont plus loin en utilisant le son comme un véritable instrument de conduite. La Hyundai Ioniq 5 N illustre cette approche avec N Active Sound+, qui propose plusieurs univers sonores réagissant en temps réel à la vitesse, aux accélérations et même à l’angle de volant. Couplée à la simulation de boîte N e-Shift, cette mise en scène sonore redonne des repères familiers aux conducteurs issus du thermique. Ici, le son aide à percevoir l’effort, la charge et les transferts de masse, tout en recréant des sensations de montée en régime et de passage de rapports. Porsche suit une logique comparable sur le Taycan. Dans ces cas-là, le design sonore n’est pas un gadget. Il participe pleinement à la relation entre le conducteur et la mécanique, dans un contexte où le silence absolu pourrait paradoxalement appauvrir les sensations.

Une scénographie totale

Avec le son, la lumière est l’autre pilier de l’expérience. Les bandeaux LED multicouleurs, les surfaces rétro-éclairées et les scénarios dynamiques transforment l’habitacle en espace vivant. Chez BMW, les “My Modes” coordonnent l’éclairage, le son, les écrans et les animations pour créer des ambiances distinctes, du mode Relax au mode Expressive. Mercedes pousse très loin cette scénographie lumineuse sur l’EQS, avec des centaines de LED capables de pulser avec la musique, de changer de couleur selon le mode de conduite ou de signaler visuellement certaines alertes des aides à la conduite. La lumière devient alors un langage à part entière, à la fois esthétique et fonctionnel. Les équipementiers, explorent déjà des cockpits où de larges surfaces lumineuses participent aussi au confort thermique et au bien-être. Panneaux rayonnants, liseuses intégrées, éclairage indirect… L’habitacle se rapproche davantage d’un salon que d’un tableau de bord traditionnel.

La montée en gamme passe également par les écrans. Ceux-ci ne sont plus seulement des interfaces de conduite, mais de véritables dispositifs de divertissement. La BMW i7 illustre cette tendance avec son “Theatre Screen” arrière de 31,3 pouces en 8K, associé à un système audio Bowers & Wilkins pouvant compter jusqu’à 36 haut-parleurs. Chez Mercedes, l’MBUX Hyperscreen fusionne trois écrans en une seule surface vitrée de plus de 56 pouces. Le système adapte le contenu en fonction du contexte, différenciant les usages du conducteur et du passager. Navigation, médias, visioconférence ou programmes bien-être cohabitent dans une interface pensée comme un écosystème numérique. Ces dispositifs transforment le véhicule en extension du salon ou du bureau, particulièrement lorsque la voiture est à l’arrêt ou en conduite semi-autonome. Le temps de recharge devient alors un temps utile, voire agréable.

Crédit photo : MBUX Hyperscreen de Mercedes – @www.mercedes-benz.ca 

Le VE comme espace de vie

L’ultime étape de cette évolution consiste à intégrer des programmes de bien-être complets. Mercedes regroupe ces fonctions sous l’appellation Energizing Comfort, combinant massage, musique, lumière et parfois parfum. L’objectif est clair : transformer un trajet en séance de relaxation ou de stimulation. Certains concepts d’équipementiers vont encore plus loin, avec des sièges type “capitaine”, des appuis-tête sonores individuels et des configurations Lounge, Work ou Sleep activables en un clic. Le véhicule devient désirable même à l’arrêt, pendant une recharge ou une attente prolongée. Cette approche repositionne le VE premium comme un espace de vie mobile, bien plus qu’un simple moyen de transport. Elle prépare aussi l’arrivée d’une mobilité plus autonome, où l’expérience à bord primera sur l’acte de conduire lui-même.

En orchestrant son, lumière, écrans et confort comme un tout cohérent, les VE premium redéfinissent les codes du luxe automobile. Chaque marque trace sa voie, entre lounge technologique, spa roulant ou sports lounge orienté sensations. Derrière cette diversité, un même objectif : créer une signature émotionnelle forte, capable de distinguer un modèle dans un marché de plus en plus homogène techniquement. La “suite mobile” n’est donc pas un simple effet de mode. Elle est l’un des leviers stratégiques majeurs du véhicule électrique haut de gamme, à la croisée du design, du numérique et du service. Une évolution qui dit beaucoup de l’avenir de l’automobile, moins centrée sur la machine que sur l’expérience vécue à son bord.

Sources : www.press.bmwgroup.com – www.bmw.com – www.mercedesbenzofromeoville.com – www.burmester.de – www.green.car 

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