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NewsPublié le 16/12/2025
4 min

EVIO et Boeing s’attaquent au marché du régional avec l’EVIO 810


La start-up canadienne EVIO sort de l’ombre avec un projet ambitieux : l’EVIO 810, un avion régional hybride-électrique de 76 places visant une entrée en service au début des années 2030. Soutenu par Boeing et Pratt & Whitney Canada, le programme revendique déjà 450 engagements conditionnels d’achat et entend s’attaquer à l’un des segments les plus fragilisés de l’aviation commerciale.

Crédit photo : L’EVIO 810 – @businesswire

Un projet ambitieux

EVIO Inc., basée à Montréal, a officialisé le lancement de son premier programme aéronautique avec une promesse claire : moderniser le transport régional en combinant électrification partielle, réduction des coûts d’exploitation et continuité opérationnelle. L’EVIO 810 n’est pas un concept futuriste destiné à des niches expérimentales, mais un avion pensé pour remplacer, à terme, une large partie des turbopropulseurs et jets régionaux vieillissants.

Le constructeur affirme avoir sécurisé dès 2023 environ 250 accords d’achat conditionnels auprès de deux grandes compagnies aériennes, assortis de 200 options supplémentaires. Un volume qui place immédiatement le programme dans une autre catégorie que celle des start-up encore au stade de démonstrateur. L’objectif affiché est une entrée en service au début des années 2030, sur un marché régional en quête de solutions crédibles face à la hausse des coûts et aux contraintes environnementales.

Une architecture hybride pensée pour le réel

L’EVIO 810 repose sur une architecture dite “strong hybrid”. Articulée autour de quatre unités de propulsion sous voilure combinant un turbopropulseur PT6E de Pratt & Whitney Canada et un moteur électrique. L’énergie électrique est fournie par un système de batteries permettant des phases de roulage et des segments de vol entièrement électriques. Particulièrement sur des distances courtes pouvant atteindre une centaine de milles nautiques. Sur des liaisons plus longues, l’avion fonctionne en mode hybride, avec une portée annoncée allant jusqu’à 500 milles nautiques. Le cœur de mission vise toutefois les routes régionales de 200 à 300 nm, qui constituent l’essentiel du trafic régional mondial. 

En limitant le temps de fonctionnement des turbines, EVIO promet une baisse significative de la consommation de carburant, de l’usure mécanique et des coûts de maintenance. Le tout en réduisant les émissions par rapport aux appareils actuels. Au-delà de la propulsion, le constructeur met en avant une cabine plus large que celle des jets régionaux classiques, pensée pour améliorer l’expérience passager. L’architecture énergétique est également conçue pour être déclinée en versions cargo ou défense, avec des capacités d’alimentation électrique adaptées à des missions de surveillance ou de soutien logistique.

Crédit photo : L’EVIO 810 conçu pour des missions de fret et de défense, en plus de ses applications en transport régional – @businesswire 

Un marché régional en manque de solutions

EVIO cible un segment 50–100 sièges souvent décrit comme “orphelin”. En cinq ans, la flotte mondiale d’avions régionaux s’est considérablement contractée avec environ 2 650 retraits pour seulement 750 livraisons. Dans le même temps, la demande pour des liaisons de moins de 500 miles reste structurellement forte : elles représentent près de la moitié des vols quotidiens dans le monde. La start-up estime que plus de 5 000 avions régionaux devront être remplacés dans les vingt prochaines années. Dans ce contexte, l’EVIO 810 se positionne comme une alternative intermédiaire entre les petits avions 100 % électriques, limités par l’autonomie, et les turbopropulseurs traditionnels et son modèle économique sous pression.

Le soutien de Boeing s’inscrit dans cette logique. L’avionneur américain y voit un moyen d’explorer les technologies hybrides-électriques sur le segment régional sans lancer immédiatement un nouveau programme interne, tout en renforçant l’écosystème aéronautique canadien. Pratt & Whitney Canada, de son côté, utilise le programme comme vitrine pour l’hybridation de sa famille PT6E et pour la maîtrise de la gestion énergétique à grande échelle.

Crédit photo : Logo officiel EVIO – @evio.aero 

Crédibilité industrielle et défis à venir

EVIO met en avant une gouvernance composée de profils expérimentés, issus de programmes majeurs comme l’Airbus A220 ou le F-35. Cette équipe, combinée aux engagements commerciaux et aux partenariats industriels, confère au projet une crédibilité supérieure à celle de nombreuses initiatives d’aviation électrique encore très théoriques. Reste que les défis sont considérables. La certification d’une architecture hybride complexe, la montée en cadence industrielle et le financement du développement jusqu’à l’entrée en service seront déterminants. 

Les compagnies régionales, historiquement prudentes, attendront des garanties solides en matière de fiabilité, de support et de coûts opérationnels réels. L’EVIO 810 illustre néanmoins une voie pragmatique pour la décarbonation partielle de l’aviation régionale. Sans promettre le “zéro émission”, il cherche à réduire significativement l’empreinte carbone là où l’impact peut être immédiat et mesurable. Si le programme tient ses promesses, il pourrait devenir l’un des premiers avions régionaux hybride-électriques véritablement industrialisés de la classe 70–80 sièges, et redessiner l’économie d’un secteur en pleine recomposition.

Sources : www.flightglobal.com – aeromorning.com – www.businesswire.com – www.ainonline.com – evio.aero 

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