En 2025, le marché automobile français connaît un mouvement discret mais structurant. Plusieurs modèles hybrides et surtout 100 % électriques quittent les catalogues des constructeurs. Loin d’un simple effet de mode, ces disparitions évoquent une recomposition profonde des gammes, sous l’effet combiné des nouvelles normes européennes, d’une rentabilité sous pression et d’un repositionnement stratégique des marques face à un marché électrique plus exigeant que prévu.

Une année charnière pour l’électrique en France
L’année 2025 marque un tournant dans l’histoire récente de l’électrification automobile en France. Après plusieurs exercices de croissance rapide, le marché du véhicule électrique entre dans une phase de maturité plus complexe où chaque modèle doit désormais justifier son existence sur des bases industrielles, réglementaires et commerciales solides. Et cela implique inévitablement que certains véhicules, parfois même assez récents, disparaissent purement et simplement des catalogues.
Ce phénomène touche principalement des modèles électriques arrivés en fin de cycle ou conçus sur des plateformes désormais jugées obsolètes. Si les stocks existants permettent encore quelques livraisons en fin d’année, ces véhicules ne sont plus proposés à la commande neuve. Une situation qui peut surprendre les consommateurs, mais qui traduit de façon claire un durcissement brutal (et nécessaire) des conditions du marché.
Ils ont tiré leur révérence en 2025
Parmi les modèles concernés, plusieurs noms bien identifiés du public français quittent la scène. La Mazda MX-30, première électrique du constructeur japonais, en est un exemple emblématique. Son autonomie limitée, assumée à l’origine comme un choix écologique, n’a jamais convaincu un marché devenu très sensible au rapport prix/kilomètres réels. En France, ses volumes sont restés marginaux, rendant toute mise à niveau réglementaire économiquement peu défendable. Autre cas marquant, celui de MG. Le constructeur sino-britannique met fin à la commercialisation de plusieurs de ses modèles électriques en France, dont le ZS EV, le Marvel R et le MG5 Electric. En cause, la norme européenne GSR2, entrée en vigueur en juillet 2024, qui impose de nouvelles aides à la conduite et des systèmes de sécurité plus avancés. Adapter ces modèles existants aurait nécessité des investissements lourds, difficilement amortissables au regard de leurs prix de vente agressifs.
Certaines disparitions relèvent davantage de la logique de cycle de vie que d’un échec commercial. C’est le cas de la Nissan Leaf, véritable pionnière du véhicule électrique moderne. Lancée dès 2010, elle a ouvert la voie à l’électrification grand public, mais son architecture technique et son positionnement ne sont plus en phase avec les standards actuels. En 2025, la Leaf s’efface progressivement des catalogues européens, en attendant une relève reposant sur une nouvelle plateforme. Chez Renault, la page se tourne également pour deux modèles historiques. La Zoé, longtemps voiture électrique la plus vendue en France, disparaît à la suite de l’arrivée de la Renault 5 E-Tech, plus moderne, plus rentable et mieux armée face à la concurrence. Même logique pour la Twingo Electric, retirée avant l’arrivée d’une nouvelle génération annoncée pour 2026. Dans les deux cas, il s’agit moins d’un recul que d’un recentrage sur des projets industriels plus cohérents à long terme.

La norme GSR2, accélérateur silencieux des retraits
Derrière ces arrêts de commercialisation se cache un facteur clé : la norme européenne GSR2. Cette réglementation impose désormais de série toute une panoplie d’aides à la conduite, comme le freinage automatique d’urgence amélioré, le maintien actif dans la voie ou encore des systèmes avancés de surveillance du conducteur. Pour les modèles conçus avant ces exigences, l’adaptation peut s’avérer complexe et coûteuse.
Dans un contexte de pression sur les marges, notamment pour les véhicules électriques d’entrée ou de milieu de gamme, de nombreux constructeurs ont fait un choix pragmatique. Arrêter les modèles concernés plutôt que d’investir dans une mise à niveau jugée peu rentable. Ce raisonnement explique en grande partie la disparition de certains véhicules asiatiques ou de premières générations électriques, pourtant encore techniquement fonctionnels.

Hybrides et rechargeables : une autre trajectoire
Contrairement aux électriques, les motorisations hybrides et hybrides rechargeables ne subissent pas en 2025 une vague massive d’arrêts. Le mouvement est plus subtil. Certains modèles disparaissent discrètement de gamme, mais la tendance dominante reste au renouvellement et à l’optimisation plutôt qu’à l’abandon pur et simple. Les hybrides rechargeables, en particulier, sont néanmoins confrontés à un environnement moins favorable. Le durcissement du malus CO₂ et la fin progressive de certains avantages fiscaux pour les entreprises réduisent leur attractivité, surtout pour les modèles lourds ou dont l’usage électrique réel est limité. Pour autant, les constructeurs continuent d’y croire, en modernisant leurs chaînes de traction, en augmentant la capacité des batteries ou en améliorant la gestion électronique.
En France, l’hybride simple s’impose progressivement comme la motorisation préférée des automobilistes. Plus rassurante à l’usage, moins dépendante des infrastructures de recharge et souvent plus accessible financièrement, elle répond mieux aux usages réels d’une large partie de la population. Ce succès explique pourquoi les constructeurs, notamment japonais et européens, renforcent encore leurs offres hybrides en 2025. Toyota, Hyundai-Kia, Renault ou Stellantis poursuivent ainsi le déploiement de nouvelles générations hybrides, parfois au détriment de certaines versions électriques jugées moins stratégiques. L’hybride devient un pilier de transition, là où le tout électrique doit désormais prouver sa pertinence modèle par modèle, et non plus comme une évidence globale.
Vers une électrification plus sélective et plus crédible
Ces retraits ne signent pas un recul de l’électrification, mais plutôt une phase de rationalisation. Après une période d’expérimentation et de diversification parfois excessive, le marché entre dans une logique plus industrielle, où chaque véhicule doit être viable économiquement et compatible avec les contraintes réglementaires à moyen terme. À l’horizon 2035, l’objectif de fin des ventes de véhicules thermiques neufs reste officiellement en place, malgré les débats européens sur les modalités et les exceptions possibles. D’ici là, l’offre continuera d’évoluer, avec moins de modèles, mais des propositions plus abouties, mieux adaptées aux usages réels et aux attentes des automobilistes français.
En définitive, les modèles électriques et hybrides qui disparaissent des catalogues en 2025 racontent une histoire plus large : celle d’un marché automobile en pleine mutation. Normes plus strictes, clients plus exigeants, marges sous pression… L’électrification commence à ressembler à un numéro d’équilibriste pour les constructeurs. Cette recomposition marque la fin d’une certaine naïveté autour du véhicule électrique. L’avenir se joue désormais sur la cohérence globale des projets.


















