Une nouvelle fois, la promesse de la conduite autonome se heurte à la réalité du terrain. Zoox, la filiale d’Amazon spécialisée dans les robotaxis 100 % électriques, procède au rappel de 332 véhicules aux États-Unis après la détection d’un défaut logiciel. Sans accident signalé, l’épisode rappelle néanmoins à quel point le logiciel est devenu l’organe vital (et potentiellement le talon d’Achille) de la mobilité autonome.

Un défaut sans conséquence grave
L’annonce est tombée ce 23 décembre par l’intermédiaire de la NHTSA, l’agence fédérale américaine chargée de la sécurité routière. En cause, un défaut logiciel affectant le système de conduite automatisée (ADS) de certains véhicules Zoox. Les versions du logiciel déployées avant le 19 décembre peuvent, dans des situations bien précises, amener le véhicule à franchir la ligne jaune centrale lors de la traversée d’intersections. Concrètement, ce comportement anormal peut provoquer un engagement involontaire sur la voie de circulation opposée ou un arrêt inopiné face à un trafic venant en sens inverse. Zoox précise avoir identifié 62 occurrences de ce dysfonctionnement de manière proactive, sans qu’aucun accident ni blessé ne soit rapporté à ce stade. Une précision importante, qui distingue ce rappel d’autres épisodes plus critiques observés récemment dans le secteur.
Face à ce risque potentiel, Zoox a opté pour une approche désormais classique dans l’univers des véhicules définis par le logiciel : la correction à distance. Une mise à jour logicielle gratuite a été déployée sur l’ensemble des véhicules concernés sur la voie publique entre le 13 mars et le 18 décembre 2025, en coordination avec la NHTSA. Cette capacité à corriger rapidement un défaut sans immobiliser physiquement les véhicules constitue l’un des arguments majeurs en faveur des plateformes électriques et autonomes. Elle n’efface toutefois pas les interrogations persistantes sur la fiabilité des systèmes ADS en conditions réelles, notamment dans des environnements urbains complexes où les intersections concentrent une grande partie des situations à risque.

Une vision durable de la mobilité autonome ?
Entièrement électriques, ces robotaxis s’inscrivent dans une logique de mobilité urbaine durable, au moins sur le papier. Leur format compact, leur vitesse limitée et leur usage strictement encadré tendent à réduire l’empreinte environnementale et les nuisances en ville, tout en proposant une alternative crédible à la voiture individuelle. Mais bon, cet idéal technologique se heurte à une exigence absolue, la sécurité. Dans un véhicule sans conducteur humain capable de reprendre la main, la moindre faille logicielle prend une dimension critique. Chaque rappel, même préventif, devient alors un test de crédibilité pour l’ensemble du secteur.
Au moment du rappel, Zoox installe déjà sa flotte dans plusieurs métropoles stratégiques. Après un lancement à Las Vegas en septembre 2025, les robotaxis circulent également à San Francisco, avec des extensions prévues à Austin et Miami. Des marchés pilotes soigneusement sélectionnés, à la fois pour leur densité urbaine et leur cadre réglementaire relativement favorable aux expérimentations. Ces déploiements progressifs s’inscrivent dans une stratégie prudente, loin d’un lancement massif. Zoox avance par étapes, en multipliant les phases de tests et de démonstration, souvent sous l’œil attentif des autorités fédérales et locales.

L’interrogation autour de la maturité technologique
Ce rappel de 332 véhicules n’est pas un cas isolé. En mai 2025, Zoox avait déjà rappelé 270 unités à la suite d’un accident impliquant un piéton à San Francisco, lié à la détection tardive d’un usager vulnérable. En avril, 258 véhicules avaient également été concernés par un problème de freinage brusque inattendu. Si la NHTSA a finalement autorisé Zoox à reprendre certaines démonstrations publiques en août 2025, après la clôture d’une enquête ouverte en 2022, l’accumulation de ces épisodes souligne une réalité difficile à contourner : la conduite autonome progresse, mais reste en phase d’apprentissage permanent.
Ce nouveau rappel illustre parfaitement l’état actuel du secteur. La technologie avance vite, parfois très vite, mais chaque kilomètre parcouru en conditions réelles apporte son lot d’imprévus. Pour Zoox, comme pour l’ensemble des acteurs de la mobilité autonome, l’enjeu n’est plus seulement d’innover, mais de prouver que ces systèmes peuvent atteindre un niveau de fiabilité suffisant pour s’intégrer durablement dans l’espace public. Dans cette course mondiale, la transparence et la capacité à corriger rapidement les failles seront aussi déterminantes que la performance technologique elle-même.
Sources : boursorama.com – zonebourse.com – Reuters





















