Spoiler : non. Par exemple, la voiture, même électrique, est un objet qu’il faut par définition fabriquer puis alimenter en énergie, donc l’automobile et les transports en général ne seront jamais écolos à 100%. Mais des solutions existent afin de réduire, au maximum, l’impact environnemental de la voiture.
Si la motorisation électrique est un prérequis obligatoire pour entrer dans la discussion de la voiture “verte”, il existe d’autres solutions au moment de la conception, mais également au moment de l’utilisation, qui permettraient à l’automobile de réduire encore un peu plus son impact sur la planète. ECO MOTORS NEWS a fait appel à Aurélien Bigo, chercheur indépendant, membre de la Chaire Énergie et Prospérité, ancien de l’ADEME et dont la thèse avait pour sujet les transports face au défi de la transition énergétique. La bonne personne pour nous éclairer sur le sujet.
Verdir la voiture dès la conception
Avant même la sortie d’usine, une voiture a déjà énormément pollué. C’est d’autant plus vrai avec les voitures électriques. Car si lors de leur cycle de vie elles polluent beaucoup moins que les thermiques, leur fabrication a un impact négatif bien plus important et elles doivent donc rattraper leur dette carbone au fil des kilomètres (environ 30 000 kilomètres). Mais il y a des bons réflexes à adopter au moment de la conception qui permettraient de réduire cet écart.

D’abord, il y a la question du poids. Selon Aurélien Bigo, “plus un véhicule est léger, moins sa fabrication génère d’émissions, et plus sa batterie peut être petite, ce qui limite son impact” et le chercheur recommande donc de “dimensionner les batteries en fonction d’autonomies conformes aux trajets du quotidien plutôt qu’aux très longues distances” afin de réduire leur taille et l’utilisation de ressources nécessaires à leur fabrication. Dans la même optique, il sera nécessaire d’optimiser les batteries afin de réduire la quantité de matériaux nécessaires par kWh.
Aurélien Bigo rappelle également qu’il est essentiel d’allonger la durée de vie des véhicules, notamment grâce à la réparation mais également “au maintien de l’utilisation malgré la baisse progressive de la capacité de la batterie”. Faire durer une voiture est indispensable car, en France, l’électricité est déjà peu carbonée donc, comme le chercheur l’explique, “l’impact principal d’une voiture vient de sa fabrication, et il doit être amorti sur la plus longue durée possible”.
Si la fabrication d’une voiture électrique est la première chose à laquelle on pense lorsqu’on évoque son impact environnemental, il est également nécessaire de se poser la question de la recharge. Au moment de la conception, il peut être intéressant de démocratiser l’intégration des technologies vehicle-to-grid (V2G) et vehicle to home (V2H) qui permettent respectivement à la voiture de rendre de l’énergie au réseau ou de jouer le rôle de générateur pour la maison. Au-delà des économies réalisées par le propriétaire, cela permet également de limiter les tensions sur le réseau et de limiter sa consommation.
Les cinq leviers de la Stratégie nationale bas-carbone
Aurélien Bigo rappelle les cinq leviers identifiés par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) pour réduire l’impact des transports sur l’environnement. Et comme les choses sont bien faites, ils sont classés par ordre croissant de difficulté de mise en place.
Le premier est simplement de rouler moins. Cette sobriété des déplacements se traduit par la diminution du nombre de kilomètres parcourus au quotidien, en augmentant l’offre de transports en commun, mais également “en rapprochant les lieux de vie, travail, services”.
Ensuite, il y a le report modal : privilégier la marche, le vélo, les transports en commun. Si Aurélien Bigo reconnaît que ce levier est plus facile à actionner “en zones denses qu’en zones rurales”, il ne perd pas espoir concernant le développement de la mobilité douce dans lesdites zones rurales. Le développement du covoiturage, un autre des cinq leviers, pourrait d’ailleurs aller dans ce sens.
Le quatrième levier concerne directement ECO MOTORS NEWS puisqu’il s’agit d’améliorer l’efficacité énergétique via des véhicules plus sobres et l’électrification du parc automobile. Enfin, le cinquième est tout simplement de décarboner l’énergie, en remplaçant le pétrole par des énergies moins carbonées, dont l’électricité.

Selon Aurélien Bigo, ces leviers sont complémentaires, “certains exigent plus de transformations sociales et territoriales, mais offrent les réductions d’émissions les plus fortes. D’autres, impliquent moins de changements de modes de vie, mais réduisent moins fortement l’impact global”. L’essentiel est donc de trouver un bon équilibre afin d’atteindre l’objectif, celui d’une mobilité vraiment écologique.