Il a marqué toute une génération avec C’est pas sorcier, et continue aujourd’hui de décrypter le monde qui nous entoure, avec la même passion. Depuis l’hôtel M Social, à Paris, Jamy Gourmaud a partagé avec ECO MOTORS NEWS sa vision de la voiture électrique, les idées reçues qui l’entourent, et les enjeux de cette transition.
Qui êtes-vous, Jamy Gourmaud ?
Je suis journaliste, plus précisément journaliste
scientifique. J’aime bien dire que je suis un passeur entre les sachants et ceux qui ont envie de savoir. Ma passion pour la connaissance est née très tôt, à l’adolescence, avec l’envie de faire ce métier. J’ai eu la chance de réaliser ce rêve d’enfant. La science, elle, est arrivée un peu plus tard, après mes études de journalisme et quelques années passées à couvrir des sujets de société. C’est pas sorcier a marqué le début de cette aventure scientifique.
Que vous évoque la voiture électrique, et quelles sensations avez-vous eues en la testant ?
Le calme et le silence. C’est ce qui me vient d’abord à l’esprit, surtout en ville. Les détracteurs diront qu’elle fait autant de bruit qu’une autre, mais le bruit vient principalement du contact des pneus sur la route. J’ai eu l’occasion d’en tester plusieurs, déjà dans C’est pas sorcier il y a près de 30 ans, et plus récemment dans Le Monde de Jamy. J’aime sa souplesse, le fait de ne pas avoir à passer les vitesses. Ce n’est peut-être pas ce qui fait vibrer les amateurs de conduite, mais moi, ça me convient très bien.
Pensez-vous que la voiture électrique est encore mal comprise ?
Je pense qu’il y a beaucoup d’idées reçues, et des peurs qui ne sont pas fondées. Le premier frein, c’est souvent la question de l’autonomie. On entend : “Je ne peux pas faire 1 000 km”, ou encore “Je vais devoir m’arrêter au bout de 300 km, et attendre une demi-heure pour recharger.” Ces inquiétudes viennent souvent d’une méconnaissance des usages réels.
Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour dépasser cette crainte de l’autonomie ?
Il faut d’abord se poser la question : “Quel usage ai-je de ma voiture ?” La mobilité, c’est une histoire d’usage. Si je fais surtout des trajets courts — comme c’est le cas de la majorité des déplacements quotidiens — une voiture électrique est amplement suffisante. En moyenne, un conducteur français ne fait qu’un à deux trajets de plus de 400 km par an, souvent lors des vacances.
Et sur la question du temps de recharge ?
Il faut se dire que les batteries vont être vides au bout de environ deux heures de conduite. Au bout de deux heures de conduite, il est conseillé de s’arrêter pour faire le plein. C’est ce que la sécurité routière conseille aux automobilistes : on fait une pause toutes les deux heures. Et si vous comptez le temps d’aller aux toilettes, de prendre un café, certains fumer une cigarette, les vingt minutes qui sont nécessaires pour faire le plein sont très vite passées.
La pédagogie reste donc nécessaire ?
Oui, il faut expliquer, il faut que les gens testent. Avant d’essayer une voiture électrique, j’étais moi-même un peu dubitatif. Mais quand on a testé une voiture électrique, on l’adopte. Il faudrait permettre aux gens d’en tester une pendant un jour ou deux.
Vous avez récemment publié une vidéo sur le sujet. Quel était votre objectif ?
Je voulais aborder les inquiétudes liées à l’autonomie, mais aussi l’incompréhension qui existe autour des distances annoncées par les constructeurs. Certains se plaignent en disant : “Mais sur l’autoroute, je ne fais pas plus de 250 km, alors que le constructeur affiche une autonomie de 450.” C’est tout simplement que le calcul de cette autonomie, c’est une moyenne entre la distance parcourue en ville, sur route et sur autoroute.
Et sur l’empreinte carbone des véhicules électriques ?
Une idée reçue circule : que la voiture électrique pollue autant, voire plus qu’un véhicule thermique. C’est vrai qu’à la sortie d’usine, sa fabrication a généré plus de CO2. Mais la différence, c’est que cette dette carbone s’arrête là. Le véhicule thermique, lui, continue d’émettre pendant tout son cycle de vie. En fin de parcours, une voiture électrique peut produire entre deux et cinq fois moins de CO2 qu’une voiture thermique.
Prêt à franchir le pas vous-même ?
Il se trouve que c’est en cours. Je veux d’abord aller au bout du cycle de vie de mon véhicule actuel. Et puis, c’est aussi une question de budget. Mais oui, je suis en train d’y passer.