L’avion est régulièrement au centre des polémiques liées au dérèglement climatique et aux émissions de gaz à effet de serre. Il est donc normal que le secteur aéronautique réfléchisse, comme l’automobile avant lui, à son électrification (au petit détail près que l’on ne fait pas voler un monstre d’acier de 40 tonnes comme on fait rouler une citadine).
Au cœur de ce marché relativement jeune promis à une croissance exponentielle et qui bouillonne à l’international, on retrouve de nombreux acteurs français, grands groupes comme jeunes start-ups, bien décidés à faire de la France une pionnière de l’aviation électrique, comme elle a été l’une des pionnières de l’aviation thermique.
Les belles promesses de l’avion électrique français
En France, si Airbus est actif sur le secteur de l’aéronautique électrifiée depuis le début des années 2000, c’est plutôt du côté des jeunes pousses que l’on trouve les projets les plus aboutis. En tête des plus belles réussites du pays, on trouve ainsi Aura Aero.
Basée à Toulouse, l’épicentre de l’aviation en Europe, cette start-up a fait voler pour la première fois, en décembre 2024, son aéronef biplace Integral E qui, comme son nom le sous-entend, est propulsé par un moteur 100 % électrique. Une pièce fournie par un géant de l’industrie aéronautique mondiale, le groupe français Safran. Baptisé Engineus, il s’agit du premier moteur électrique d’avion dans le monde à recevoir la certification d’une grande agence, l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (AESA), lui permettant donc d’être produit en série.
Certes, l’Integral E ne propose qu’entre 1 h et 1 h 30 d’autonomie, mais il est possible de le recharger en 30 minutes et ainsi de proposer des allers-retours régionaux, ou tout simplement servir à la formation de futurs pilotes. Et ce n’est qu’un début pour Aura Aero qui, en parallèle de l’Integral E, a également développé l’ERA capable, lui, de transporter 19 passagers, toujours pour des trajets régionaux. Équipé d’un moteur hybride, il devrait effectuer ses premiers vols en 2026.

Autant de projets rendus réalisables notamment via l’injection de fonds européens à hauteur de 95 millions d’euros, preuve que l’avion “zéro émission” n’est pas qu’un fantasme, mais bien un projet sérieux porté par les institutions elles-mêmes. Aura Aero n’est pas la seule entreprise française à illustrer les ambitions du pays concernant l’électrification de l’aviation puisque VoltAero développe, depuis son QG en Charente-Maritime, un avion baptisé Cassio 330, équipé de moteurs hybrides et dont le lancement est prévu en 2026.
De quoi déjà intéresser les investisseurs, dont l’Américain AltiSky qui a injecté plus de deux millions de dollars dans l’entreprise française dans le cadre d’un partenariat qui verra la construction d’une usine VoltAero aux États-Unis afin de conquérir le marché nord-américain, friand de ces solutions interrégionales.

Un engouement mondial pour l’aviation électrique
Bien entendu, la France n’est pas la seule sur ce marché en plein boom. En effet, s’il pèse aujourd’hui une dizaine de milliards de dollars à l’international, les prospectives les plus optimistes laissent penser que l’aéronautique électrifiée pourrait atteindre 70 milliards de revenus annuels en 2034, suivant une croissance à deux chiffres tous les ans.
Ainsi, les projets ambitieux fleurissent aux quatre coins du monde. Du Canada, où Harbour Air rétrofit de vieux coucous en leur implantant des moteurs hybrides (la barre des 100 vols a été récemment dépassée) au Royaume-Uni où ZeroAvia avance vitesse grand V sur l’hydrogène enchaînant les vols d’essai et les levées de fonds en passant par la Suède où l’on attend le premier vol d’essai d’un hybride de 30 places signé Heart Aerospace.
Et la Chine alors ? Sans surprise, c’est leader mondial du marché des batteries pour véhicules électriques, CATL, qui se pose en fer de lance de l’aéronautique aux watts. En 2024, le groupe annonçait que son partenariat avec le constructeur chinois Comac avait donné naissance à un avion de 4 tonnes et 19 places capable de parcourir 500 kilomètres en tout électrique. Pas de doute, le pays phare de la voiture électrique compte bien tenir son rang sur le marché de l’aviation.
