Face à l’urgence climatique et à la nécessité de décarboner les mobilités, la France accélère la transition vers des transports en commun plus propres. D’un bout à l’autre du pays, des métropoles aux zones rurales, les projets s’accélèrent en faveur de l’électrique. Tour d’horizon d’une transformation majeure.

L’Île-de-France en première ligne
La région parisienne est au cœur de la transition énergétique dans le secteur des transports collectifs. Avec son ambitieux programme « Bus2025 », la RATP prévoit de convertir l’ensemble de ses 25 centres opérationnels aux motorisations électriques et au biométhane d’ici fin 2025. À terme, ce sont 1 000 bus électriques et 1 300 bus au gaz renouvelable qui circuleront dans la capitale et en proche banlieue. Ce projet devrait permettre de réduire de moitié les émissions de CO₂ liées au trafic des bus. Il s’inscrit dans l’objectif global de la RATP de baisser de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre.
En parallèle, Île-de-France Mobilités poursuit l’extension du réseau de transports : la ligne 14 du métro a atteint la station Villejuif-Gustave Roussy début 2025. Le lancement de la ligne de bus Tzen 4, remplaçant la ligne 402 entre Viry-Châtillon et Corbeil-Essonnes, est également prévu. Le Tzen 4 est une première mondiale : ce sera le premier bus bi-articulé de 24 mètres, 100% électrique, avec une recharge au sol en moins de cinq minutes.
Dans les grandes villes, l’électrique gagne du terrain
Dans les grandes villes françaises, l’électrique prend une place de plus en plus visible dans les réseaux de transport urbain.
Lyon prévoit une transformation profonde de son réseau, avec l’intégration de véhicules électriques dans le futur réseau unifié TCL dès septembre 2025. La ville adapte également ses infrastructures pour accueillir de nouveaux bus électriques et tester des lignes pilotes en périphérie.
À Bordeaux, le déploiement de lignes de bus express repose en partie sur des véhicules électriques, avec une première mise en service prévue en 2025. Les lignes de tramway déjà électrifiées sont aussi étendues (lignes E et F), renforçant l’offre non polluante dans l’agglomération.
À Marseille, le plan « Marseille en Grand » inclut des BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) électrifiés. La ligne B4, dont la mise en service est attendue en 2025, fonctionnera avec une flotte entièrement électrique. La ville prévoit aussi d’intégrer davantage de bus électriques dans son réseau RTM.

En régions : des projets d’envergure
Au-delà des métropoles, la France entend renforcer la mobilité interurbaine et périurbaine via les Services Express Régionaux Métropolitains (SERM), un concept inspiré du RER francilien. Quinze projets ont été labellisés, couvrant des agglomérations comme Strasbourg, Lille, Nantes ou encore Grenoble. Ces SERM associent trains, cars express, pistes cyclables sécurisées et tarification unifiée pour faciliter l’accès à des mobilités propres.
La logistique urbaine et interurbaine est également concernée : 972 points de recharge pour poids lourds électriques ont été déployés dans des dépôts, et 24 stations de recharge publiques pour poids lourds ont ouvert au 1er janvier 2025. Ces infrastructures sont stratégiques pour accompagner la décarbonation du fret.
Réseau électrique : un maillon essentiel
La généralisation de l’électrique pose la question de l’infrastructure énergétique. RTE, gestionnaire du réseau public de transport d’électricité, prévoit des investissements massifs à l’horizon 2040. L’objectif est clair : adapter le réseau pour supporter l’essor de la mobilité électrique, tout en garantissant la fiabilité de l’approvisionnement.
Une transition encore fragile
Si la dynamique est lancée, la transition reste semée d’obstacles. Le coût des projets, la lenteur de certaines concertations locales et les problématiques de maintenance ou de formation aux nouvelles technologies freinent parfois l’élan. L’acceptabilité sociale, notamment dans les zones rurales ou peu desservies, reste un défi de taille.
La France est bel et bien engagée dans une profonde mutation de ses transports publics. Si les grandes métropoles jouent un rôle moteur, la généralisation de la mobilité électrique dépendra aussi de l’aménagement du territoire, des infrastructures et de la capacité collective à faire de cette transition un levier de cohésion et de développement durable.