Le marché de l’automobile électrique étant encore relativement récent et connaissant une croissance fulgurante, il intéresse forcément les cabinets de conseil et les sondeurs qui ne cessent de publier des études sur le sujet permettant, après un travail d’agrégation, de dresser le portrait-robot du propriétaire de voiture électrique type en France.

On sait qu’il s’agit d’un homme (près de 70 % des propriétaires), particulier, âgé entre 46 et 48 ans selon les études (beaucoup plus jeune que du côté des thermiques dont les acheteurs de voitures neuves s’approchent de la soixantaine) plutôt citadin et qui investit dans le neuf. Technophile, il possède généralement une borne de recharge à domicile — un chiffre qui monte à 90 % pour les propriétaires de maisons — et, malgré des revenus confortables, il se tourne vers les modèles les plus abordables qu’il acquiert très majoritairement en leasing. Enfin, il est constaté, durant les premiers mois de 2025, que le propriétaire de véhicule électrique français était plus enclin à acheter… Français ! En effet, dans le top 10 des voitures électriques les plus vendues dans l’Hexagone ces derniers mois, on trouve six modèles proposés par des constructeurs français.
Les principales motivations
Pour cet acheteur type et tous les autres, le choix du passage à l’électrique est le résultat de plusieurs facteurs. Le premier, c’est bien évidemment la prise de conscience écologique des consommateurs. Réduire son empreinte carbone (à l’utilisation) et contribuer à son échelle à freiner le dérèglement climatique sont en tête des raisons pour lesquelles l’acquisition d’une voiture électrique est envisagée, notamment chez les plus jeunes, expliquant ainsi pourquoi la moyenne d’âge du propriétaire de véhicules électriques est plus basse que chez les clients du thermique. Mais ce n’est plus le seul argument en faveur des autos “wattées”. En effet, si le prix d’achat est toujours plus élevé en moyenne pour une électrique que pour une thermique, son coût d’usage est plus économique, son entretien moins fréquent et onéreux et il est possible de bénéficier d’aides de l’état pour réduire la note. Si on y ajoute les nombreuses options de financement, de la Location Longue Durée (LLD) à la Location avec Option d’Achat (LOA), le portefeuille peut s’en sortir sans trop de blessures. La nouvelle génération, pour qui la voiture semble être avant tout un objet utilitaire plutôt qu’une pièce de collection, semble ainsi plus encline à louer son véhicule et à en changer plus souvent que ses aînés.
Dans la même veine, passer les vitesses après avoir fait trembler l’aiguille du compte-tour, écouter ronfler un V8 et faire sa vidange, changer les filtres et vérifier ses bougies le dimanche dans le garage fait un peu moins frissonner ces nouveaux acheteurs qui préfèrent un véhicule silencieux, facile à piloter et bardé de technologie.

Des obstacles persistants
Il ne faut pas se leurrer pour autant. Si le marché de l’électrique est en pleine croissance, c’est surtout qu’il est parti de zéro et qu’il est boosté par les différentes mesures politiques, que ce soit à l’échelle de la France ou de l’Union européenne. De nombreux freins à l’acquisition d’une voiture électrique subsistent en effet pour les consommateurs, au premier rang desquels figure l’autonomie. C’est l’inquiétude n°1 pour plus de 80 % des Français qui ne roulent pourtant qu’une cinquantaine de kilomètres par jour en moyenne. À cette angoisse de la panne – un poil exagérée – s’ajoute celle de ne pas trouver de bornes de recharge. Avec 160 000 bornes réparties sur tout le territoire, la France n’est pourtant pas à la traîne et vise même les 400 000 bornes en 2030. À titre de comparaison, on ne compte que 10 000 stations-services dans tout le pays ! Mais l’argument est encore valable, notamment pour les habitants de zones rurales qui n’ont souvent pas d’autres choix que d’installer une borne à domicile tant les distances entre les stations de recharge sont longues.
Enfin, si l’on a parlé plus haut du fait que l’électrique peut être intéressant d’un point de vue financier, l’argent reste toujours un frein pour la plupart des ménages. Cela peut s’expliquer par un marché de l’occasion encore famélique concernant l’électrique. Logique, quand on sait qu’un propriétaire français conserve son véhicule électrique pendant 5 ans en moyenne avant de le revendre et qu’un grand nombre desdits véhicules dans le parc automobile français est en circulation depuis moins de 5 ans… Il y a de quoi être optimiste.
Vers la démocratisation ?
Tous les feux sont au vert pour une démocratisation de l’auto électrique (et de la mobilité électrique en général) en France et en Europe. Les constructeurs sont passés, passent ou envisagent de passer au 100 % électrique, des plus mass market au plus luxueux, poussés par l’envie de changer les choses, d’attirer de nouveaux consommateurs plus jeunes soucieux de l’environnement, mais surtout par les politiques locales qui leur sont imposées. En 2035, c’est simple, il sera tout bonnement interdit de vendre des véhicules thermiques neufs. Et 10 ans, c’est bien le délai minimum pour s’assurer que la transition sera complète d’ici là.
Les ambitions concernant les infrastructures dédiées à la recharge des véhicules électriques sont très élevées, mais, jusqu’ici, en France, les objectifs ont tous été remplis les uns après les autres, nous permettant d’être confiants pour la suite. Idem pour les innovations concernant l’augmentation de l’autonomie des véhicules électriques, le recyclage des batteries, leur fabrication également, autant de zones d’ombres ou d’inquiétudes pour les consommateurs français qui devraient s’éclaircir dans les prochaines années. La question est surtout de savoir si, d’ici à 2035, le portrait-robot dressé en introduction sera différent de celui de 2025 ? Pas sûr, mais s’il y a une vraie démocratisation de la mobilité électrique, il sera beaucoup plus complexe à établir !