Didier Malga est un pilote passionné de sport automobile, spécialisé dans les véhicules électriques et à hydrogène. Après un parcours en rallyes régionaux, il a découvert les énergies nouvelles en 2015. Il s’est rapidement imposé comme une figure majeure du rallye électrique, champion du monde dès sa première saison. Il est aujourd’hui à l’origine de la création de la manche française du championnat du monde des rallyes Énergies Nouvelles, qui se tiendra en Auvergne-Rhône-Alpes en juin 2026.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours dans le sport automobile ?
Didier Malga : J’ai commencé très jeune avec le rallye régional sur goudron, par passion. J’ai pratiqué plusieurs années avant d’arrêter pour me consacrer à ma vie professionnelle et familiale. J’ai repris à la fin des années 2000, d’abord avec des véhicules historiques, notamment des voitures de sport des années 70, puis, par hasard, dans le domaine des énergies nouvelles en 2015.
Nous avons découvert cette discipline lors de notre participation au E-Rallye Monte-Carlo, sur proposition de l’Automobile Club de Monaco, avec ma coéquipière. À l’époque, la catégorie « énergie alternative » était très large : électrique, hydrogène, E85, carburants bio… Nous avons participé avec une 208 GTI fonctionnant au E85 et avons terminé cinquièmes. L’année suivante, avec une Tesla, nous avons fini troisièmes, puis gagnants en 2017. Cette victoire nous a permis de passer au championnat du monde, où nous avons été champions dès notre première saison.
Depuis, nous avons poursuivi notre engagement, avec des saisons compliquées par la disponibilité de l’équipage, mais aussi par la pandémie. Cela nous a conduit à concentrer nos efforts sur le championnat de France et la création de notre manche française, pour offrir une véritable locomotive au sport électrique en France.
Qu’est-ce qui vous attire dans le rallye électrique ?
D.M. : Ce qui m’a séduit, c’est avant tout la nouveauté et la découverte. Les véhicules électriques ont des comportements très différents, avec un centre de gravité bas, une accélération immédiate et une tenue de route exceptionnelle. C’est un vrai plaisir de pilotage, même avec des puissances de 400 à 700 chevaux à gérer.

En parallèle, c’est beaucoup plus simple à organiser : pas besoin d’assistance lourde comme pour le thermique, peu d’entretien, et des budgets plus accessibles. Cela attire également des partenaires financiers, séduits par l’innovation et l’image moderne de cette discipline.
Nous organisons régulièrement des baptêmes et du coaching d’électroconduite pour montrer aux participants que ces véhicules ne sont pas seulement écologiques, mais aussi performants et amusants à piloter.
Quel est l’avenir du sport automobile électrique selon vous ?
D.M. : L’avenir est clair et irréversible. Deux enjeux principaux le poussent : la santé publique et le climat. Plus de 40 000 décès sont liés aux particules fines chaque année en France, et la transition énergétique est donc inévitable.
Le sport électrique joue un rôle pédagogique : il montre la performance et le plaisir de conduite, et encourage le grand public à adopter la mobilité électrique plus rapidement et positivement. C’est un vecteur de changement concret.
Le E-Rallye Auvergne Rhône-Alpes en juin 2026 : qu’est-ce que c’est ?
D.M. : Après les compétitions, on s’est positionnés pour créer la manche française du championnat du monde — qui n’existait pas jusqu’à présent. Après des années d’administration et l’organisation d’un premier test fin septembre 2025 avec l’observateur FIA, notre compétition est enfin rentrée dans le calendrier FIA.
Cette manche française, qui se tiendra du 19 au 21 juin 2026, est conçue comme une véritable locomotive pour le sport électrique en France. Elle permettra de réunir les pilotes du championnat mondial et d’attirer de nouveaux participants, qui pourront ensuite alimenter le futur championnat de France.
L’objectif est de pérenniser l’événement, de montrer la discipline au grand public et d’inciter les professionnels et amateurs à s’engager dans la mobilité électrique.

Pourquoi avoir choisi l’Auvergne-Rhône-Alpes pour votre manche française ?
D.M. : C’est notre région, et le tracé traverse une grande variété de paysages, des Alpes aux volcans d’Auvergne, créant une dimension « raid » très intéressante pour les participants. Le soutien du conseil régional a été crucial pour l’organisation, et le parcours met en valeur la richesse géographique et touristique de la région.
Quels sont vos objectifs à long terme pour le rallye électrique en France ?
D.M. : Pérenniser et développer la manche française, avec une organisation comparable aux plus grandes épreuves internationales. Nous voulons également dynamiser tout le sport électrique en France, incluant rallyes, circuits et endurance.
L’évolution des batteries et de l’autonomie permettra bientôt des courses de 12 ou 24 heures sur circuit, de jour comme de nuit. Nous réfléchissons également à intégrer des épreuves sur circuit dans les rallyes, comme cela se fait déjà pour les véhicules thermiques, pour enrichir l’expérience sportive.
Pouvez-vous nous parler de l’association créée pour cette manche ?
D.M. : Nous avons créé l’association « E-Rallye Auvergne-Rhône-Alpes », issue de nos équipes Red Cow Racing et Green Motion, pour gérer l’organisation, la communication et les finances de manière autonome. Cela garantit la pérennité et le développement de l’épreuve, tout en séparant les budgets et les activités de nos autres structures.

La France est-elle en retard en sport électrique par rapport à l’Europe ?
D.M. : Pas vraiment. La France compte déjà quatre champions du monde dans différentes disciplines électriques : Jean-Éric Vergne en Formula E, Adrien Tambay en ETCR, Sébastien Loeb en Extreme E, et moi-même en rallye électrique. Même si la transition énergétique est plus lente au quotidien, nous avons une avance notable dans le e-motorsport. Il faut utiliser ces succès pour promouvoir la discipline et la mobilité électrique auprès du grand public.
Un dernier mot ?
D.M. : L’électrique, c’est la simplicité et le plaisir : moins de fatigue, peu d’entretien, zéro carburant, des sensations incroyables. L’autonomie progresse rapidement, et on peut parcourir de très longues distances sans contrainte. C’est un sport moderne, accessible, innovant et enthousiasmant, qui montre que la transition énergétique peut être performante et amusante à la fois.














