Pascal Hureau, président de la Fédération Française des Associations d’Utilisateurs de Véhicules Electriques (FFAUVE) — une association née en 2019 de la fusion de plusieurs associations de propriétaires de voitures électriques — milite sans relâche pour une transition énergétique accessible, pragmatique et centrée sur l’usager. Alors que le marché de la voiture électrique connaît une période charnière, il revient pour ECO MOTORS NEWS sur son engagement, les freins actuels à l’électrification du parc automobile et sa vision d’une France électrifiée à l’horizon 2035.

La FFAUVE, qu’est-ce que c’est ?
Pascal Hureau : Tout d’abord, ce n’est pas un club automobile ! C’est la seule association en France qui représente les utilisateurs de véhicules électriques. Nous défendons leurs intérêts, un peu comme l’UFC Que Choisir de l’électromobilité. Avec l’avantage d’être une fédération d’associations régionales, ce qui nous permet de rester connectés aux réalités du terrain.
Qu’est-ce qui vous a personnellement poussé à passer à l’électrique ?
Pascal Hureau : En un mot : le plaisir. Le plaisir de conduire, le silence, le confort. On le répète souvent à la FFAUVE : essayer une voiture électrique, c’est l’adopter ! Bien sûr, j’avais également la volonté de réduire mon impact environnemental : j’en avais assez de brûler des énergies fossiles. Puis, finalement, avec un véhicule électrique, on gagne une vraie autonomie, on peut recharger chez soi ou ailleurs, sans dépendre d’une station-service.
Mais il y a tout de même un grand pas à franchir entre adopter l’électrique et s’engager comme vous le faites…
Pascal Hureau : Je me suis passionné pour le sujet. L’offre de véhicules s’est développée, mais la demande reste à faire mûrir, alors, j’ai cherché un moyen de participer à l’essor de la voiture électrique : accompagner cette transition, informer, défendre, proposer. Et c’est ce que l’on fait à la FFAUVE.
Vous agissez également politiquement en qualité de maire-adjoint à Montrouge, en Île-de-France.
PH : Oui, je suis maire-adjoint à la transition numérique, à la E-administration et aux relations européennes, mais j’ai été pendant longtemps chargé de la voirie et de l’aménagement urbain. J’ai alors initié l’installation des premières bornes de recharge de la ville et, aujourd’hui, Montrouge fait partie des villes les mieux équipées de la première couronne parisienne.
À l’échelle nationale, maintenant, quelle est votre évaluation de la couverture en bornes de recharges ?
PH : On atteint presque les 160 000 bornes accessibles sur l’espace public. Il y a eu un vrai boom dans les commerces, les parkings de supermarchés, les cinémas, etc. Les aires d’autoroutes sont couvertes à 100 %. En réalité, le retard concerne surtout les copropriétés : à peine 10 à 15 % sont équipées. C’est aussi l’une de nos missions, accompagner ces copropriétés dans l’installation de bornes de recharge dans leurs parkings.
“Il est indispensable de lutter contre la désinformation”
Quels sont, selon vous, les freins actuels à une adoption plus massive de la voiture électrique par les Français ?
PH : Le prix des véhicules reste trop élevé pour une partie de la population, notamment en habitat collectif. Cela explique d’ailleurs, en partie, pourquoi les grands ensembles sont si peu équipés en bornes de recharge… Mais l’angoisse de l’autonomie recule. La couverture est bonne et les nouvelles technologies permettent de recharger très rapidement. Et il faut sortir du fantasme : on attend parfois plus longtemps à la pompe qu’à une borne rapide. C’est en tout cas ce que l’on a pu constater lors du long week-end de Pâques. Une chose est sûre, il faut arrêter de penser que la voiture électrique sera un marché de niche : c’est l’avenir de l’automobile.
Il y a également des incompréhensions autour de l’écosystème de recharge…
PH : En effet, c’est un gros sujet. Il y a eu trop de cartes, trop de systèmes. Il faut tendre vers le « plug and charge », comme c’est le cas chez Tesla. Des alliances comme SPARK Alliance œuvrent dans ce sens. La simplicité, c’est la clé : carte bancaire ou authentification automatique.
“Il ne faut surtout pas renoncer à la fin du thermique en 2035”
Quels sont les projets de la FFAUVE pour 2025 ?
PH : D’abord, nous allons publier une nouvelle version de notre livre blanc — téléchargeable directement depuis notre site — et lancer un guide spécifique à destination des communes en vue des municipales 2026. Nous allons également continuer plus fort encore notre lutte contre la désinformation, parfois véhiculée par des médias influents. Nous avons d’ailleurs eu gain de cause récemment après une plainte à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM). Enfin, la FFAUVE continuera d’agir auprès des concessionnaires afin qu’ils soient mieux formés à la vente de voitures électriques.
Enfin, selon vous, à quoi ressemblera la France en 2035, côté voiture électrique ?
PH : Des véhicules électriques au même prix que les thermiques. Des bornes partout. Un marché de l’occasion riche, notamment grâce aux flottes d’entreprises. Plus de modèles polyvalents et abordables. Et une politique industrielle stable, pas punitive, claire et à laquelle on se tient. L’échéance est claire : 2035, fin du thermique neuf. Ça, il ne faut surtout pas y renoncer !