Tracter une remorque ou une caravane avec une voiture électrique peut sembler encore improbable. Pourtant, cet usage devient crédible grâce aux progrès rapides du secteur. Le TCS (Touring Club Schweiz) apporte aujourd’hui un regard précis sur ce que permet réellement l’électrique. Il montre les forces de ces véhicules, mais aussi leurs limites, notamment en autonomie et en recharge.

Quand l’électrique se mesure à la traction
L’idée d’utiliser un véhicule électrique pour tracter peut encore surprendre, mais certains modèles rivalisent déjà avec les thermiques. Par exemple, la Tesla Model X peut tracter jusqu’à environ 2 250 kg selon le manuel constructeur. Leur couple immédiat facilite le démarrage avec charge, les accélérations et les montées difficiles. Cette force réduit aussi les risques de surchauffe, fréquents sur certains embrayages thermiques sous forte charge. À l’heure actuelle, quelques modèles comme la Mercedes G 580 électrique ou encore le Maxus eTERRON 9 peuvent même tirer jusqu’à 3,5 tonnes, ce qui les place au niveau de bons véhicules à combustion. Cependant, cette puissance ne garantit pas tout. En effet, l’équilibre général reste essentiel pour une conduite sûre. Le TCS montre que les systèmes d’assistance au roulis améliorent la stabilité, mais ne remplacent jamais un réglage précis. La répartition de la charge et la charge d’appui jouent donc toujours un rôle majeur dans le comportement d’un ensemble attelé.
Même avec ces systèmes, une remorque demande une vigilance constante. Le TCS insiste sur l’importance d’une charge verticale bien calibrée pour éviter des réactions dangereuses. Une remorque mal équilibrée peut provoquer des oscillations que ni l’ESP ni l’électronique ne corrigent efficacement. L’électronique reste un soutien, mais pas une solution miracle. Le conducteur doit adapter sa conduite, réduire sa vitesse et anticiper chaque mouvement. Le VE offre une motricité immédiate, mais il ne dispense jamais d’une grande prudence.
Autonomie et consommation : le véritable défi
En réalité, le remorquage électrique pose surtout un défi d’autonomie. Tirer une remorque augmente la consommation et réduit la distance entre deux recharges. Voyager avec une remorque en VE est possible, mais seulement avec une planification rigoureuse. Il faut anticiper l’énergie perdue, choisir les bonnes bornes et prévoir des pauses plus longues. De plus, les infrastructures actuelles compliquent la tâche. Contrairement aux stations-service, il est souvent impossible de recharger en gardant la remorque attelée. De nombreuses bornes imposent un stationnement perpendiculaire ou un placement serré. Dans la plupart des cas, le conducteur doit détacher sa remorque, ce qui rallonge inévitablement la pause. Cette contrainte peut aussi bloquer l’accès à d’autres usagers, ce qui crée un stress supplémentaire pour le conducteur, voire des carambolages.
Face à ce problème, le TCS met en avant une solution utile : l’application « eTrucker ». Elle permet de filtrer les bornes accessibles sans décrochage de la remorque. Cette fonctionnalité, destinée aux camions électriques à l’origine, profite aussi aux voitures électriques attelées. Cela facilite alors la planification des recharges et réduit les imprévus. Cependant, cette solution reste transitoire. Le besoin réel concerne des bornes pensées pour les véhicules avec attelage. Le développement de telles infrastructures deviendra crucial si l’usage se généralise.

Une technologie prête, mais un écosystème encore en transition
Selon les tests du TCS, les véhicules électriques sont tout à fait capables de tracter. Les différences de consommation entre un VE et un thermique tractant une remorque restent d’ailleurs limitées. La technologie n’est donc plus un frein. Le couple immédiat, l’absence d’embrayage et la fluidité de conduite représentent même de vrais avantages. Cependant, cet usage demande une organisation bien plus stricte qu’avec un véhicule thermique. Pour illustrer, d’autres modèles comme le Mercedes EQC peuvent tracter jusqu’à environ 1 800 kg selon des guides spécialisés. Plus récemment, des berlines comme l’Audi A6 e-tron annoncent une capacité de remorquage de l’ordre de 2 100 kg. Les obstacles restants ne sont donc pas mécaniques ou technologiques, mais logistiques. Le réseau de recharge n’est pas encore adapté aux véhicules tractant une remorque. Il reste conçu pour des voitures courtes et non attelées. Tant que cette situation perdure, les longs trajets en remorque avec un VE demanderont plus de préparation et de patience.















