Alors que le secteur de l’électromobilité continue d’être de plus en plus concurrentiel, les marques plus « niches » peinent à faire leur trou. C’est le cas du constructeur automobile turc TOGG. Alors, pour faire parler d’elle, la marque a présenté, lors d’une cérémonie officielle, son tout nouveau modèle au président Recep Tayyip Erdoğan.

La scène, très médiatisée, s’est déroulée à Istanbul le 13 septembre 2025, au palais de Dolmabahçe. Recep Tayyip Erdoğan, fervent défenseur du projet TOGG depuis sa création, s’est vu remettre les clés d’un modèle T10F. Ce dernier, orné d’une plaque présidentielle rouge, est un fastback 100 % électrique conçu et assemblé en Turquie.
Devant les caméras et les représentants du gouvernement, le chef de l’État a salué « un pas historique pour l’industrie nationale ».
Cette remise de véhicule a immédiatement suscité un flot de commentaires dans la presse turque et internationale : Erdoğan allait-il désormais rouler exclusivement dans ce véhicule national et électrique ? Rien n’est confirmé à ce jour. Mais plusieurs indices laissent supposer que ce sera le cas :
- Lors de la remise officielle à Erdoğan, la T10F s’est tenue au palais de Dolmabahçe, un lieu hautement symbolique utilisé pour les annonces d’État importantes.
- L’événement a été couvert par les médias publics (TRT, Anadolu Agency) et relayé par la communication présidentielle, un fait rare pour un simple lancement industriel.
- Sur les images officielles, la voiture porte une plaque présidentielle rouge avec l’emblème doré à 16 étoiles, habituellement réservée aux véhicules du cortège.
Autant d’indices qui laissent penser que cette nouvelle version du constructeur turc n’est pas qu’un cadeau industriel, mais bien un véhicule destiné à figurer dans la flotte présidentielle.

Un véhicule plein de promesses
Le véhicule en question, le TOGG T10F, est équipé d’une batterie de 52,4 kWh affichant une autonomie de 335 km dans sa version standard ou de 88,5 kWh pour 623 km d’autonomie dans sa version longue autonomie. Elle met 28 minutes à passer de 20 à 80 % de batterie. Au niveau de la motorisation, ici aussi, la marque turque laisse le choix à ses clients. Le moteur est le même pour la version standard et la version longue autonomie : puissance de 160 kW (218 ch) pour un 0 à 100 en 7,2 secondes et une vitesse maximale de 172 km/h. Et qui dit voiture électrique dit forcément vitesse et réactivité. C’est pourquoi la T10F existe en version sportive (AWD). Équipée de la même batterie que la version longue autonomie, son moteur de 320 kW développe quant à lui 435 ch et grimpe à 100 km/h en 4,4 secondes.
Côté équipement, elle n’a rien à envier à ses homologues internationalement connues : design épuré et futuriste, intérieur reposant sur un grand écran panoramique tactile, système d’exploitation développé localement et connectivité totale. Des équipements qui ont permis à la marque d’obtenir cinq étoiles aux tests Euro NCAP. Une certification dont la marque se félicite et qui est un gage de sérieux, plaçant la berline dans la cour des grands, aux côtés des constructeurs européens et asiatiques.
La T10F est disponible en précommande en Turquie et en Allemagne depuis la fin du mois dernier, à partir de 34 300 € pour la version standard et environ 50 000 € pour la plus haut de gamme.

TOGG, le pari de l’indépendance industrielle
Fondée en 2018 sous l’impulsion du gouvernement turc, TOGG (Türkiye’nin Otomobili Girişim Grubu) est née d’un consortium regroupant plusieurs grands groupes industriels nationaux, dont Anadolu Group et Turkcell. L’objectif affiché est très clair : créer une marque capable de rivaliser avec Tesla, BYD ou encore Renault, tout en valorisant le « Made in Türkiye ».
Et pour rester fidèle à ses ambitions, le constructeur a inauguré en 2022 son usine ultramoderne à Gemlik, où sont produits les modèles T10X et désormais le T10F.
En l’espace de quelques années, TOGG est devenu un symbole de fierté nationale, car la marque ne se limite pas à la production automobile. Elle innove dans les domaines des batteries de VE, des infrastructures de recharge et du logiciel numérique pour ses véhicules. Une diversité des activités technologiques qui permet à l’entreprise de se positionner comme un hub industriel et technologique régional.

La politique comme ambassadrice
Forcément, pour une marque nationale, quel meilleur ambassadeur que son président ultra-médiatisé ? Le président Recep Tayyip Erdoğan, 71 ans, s’est confié sur sa fierté à un attroupement de journalistes après avoir fait un petit tour pour se rendre compte du petit joujou qui s’offrait à lui.
Présenter un véhicule dans ce contexte très solennel témoigne de l’engagement du président envers les industries de son pays. Le chef de la communication de Turquie, Burhanettin Duran, était également présent sur place, et la réaction d’Erdoğan ne s’est pas faite attendre. Il s’est exprimé sur son compte Twitter pour rajouter une couche de communication.
Ce n’est pas le premier dirigeant politique qui s’exhibe en public aux côtés d’un véhicule électrique. En France, Emmanuel Macron a récemment reçu la nouvelle DS N°8 Présidentielle. C’est un exemplaire unique mis à disposition de la Présidence avant le lancement commercial.
Des actions de communication importantes qui permettent de mettre en lumière des innovations nationales, ici, un véhicule construit localement. L’objectif : permettre à ces entreprises de rivaliser avec les leaders mondiaux, mais aussi permettre à la population de découvrir des solutions de mobilité dans l’approche des restrictions européennes qui entreront en vigueur en 2035.
















