Le marché mondial de l’électromobilité continue d’avancer à un rythme soutenu. Selon les dernières données publiées par le cabinet d’analyse Rho Motion, les ventes de véhicules 100 % électriques (BEV) et hybrides rechargeables (PHEV) ont atteint 1,9 million d’unités en octobre 2025, soit une progression de +23 % par rapport à l’an dernier. Un chiffre qui confirme que l’électrique s’installe durablement dans le paysage automobile mondial, mais pas partout à la même vitesse.

La Chine garde la main, l’Europe accélère
Sans surprise, c’est la Chine qui reste le plus grand marché de la planète. Avec près de 1,3 million de ventes en un mois, « l’Empire du Milieu » continue de dominer le secteur, même si sa croissance ralentit légèrement (+6 %). Une croissance qui pourrait s’accentuer encore avant une chute probable des ventes. Cela ferait suite aux annonces politiques récentes, à savoir la réduction du taux d’exonération fiscale pour les véhicules à nouvelle énergie à la fin 2025.
L’Europe, quant à elle, réalise une performance remarquable : +36 % en un an avec 372 786 unités vendues. Une évolution portée par la montée en puissance des modèles plus abordables et par des politiques publiques qui soutiennent encore largement l’achat de véhicules zéro émission.
L’Amérique du Nord en difficulté
À l’inverse, l’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) traverse une période plus délicate. Les ventes ont reculé d’environ 41 % en octobre. Une chute brutale qui s’explique principalement par l’expiration, aux US, du crédit d’impôt fédéral de 7 500 dollars, un dispositif qui faisait office de pilier pour les ventes de modèles électriques et qui a disparu le 30 septembre 2025.
Les analystes évoquent que cette baisse est principalement liée au fait qu’aux États-Unis, les véhicules électrifiés coûtent encore bien plus cher que les véhicules à combustion thermique. Selon eux, ce chiffre est également un “effet de décalage”, car de nombreux acheteurs américains ont anticipé leurs achats avant la fin des incitations budgétaires.

Le “reste du monde” : une croissance rapide, mais encore limitée
Derrière les trois grands blocs historiques (Chine, Europe, Amérique du Nord), le “reste du monde” regroupe des marchés très hétérogènes : Asie du Sud, Moyen-Orient, Afrique, Océanie et une partie de l’Amérique latine.
Selon Rho Motion, ces régions ont enregistré une croissance moyenne de +37 % en octobre. Une progression significative, portée par :
- En Inde, les programmes d’électrification se sont accélérés sous l’impulsion du gouvernement Modi, qui vise une part de marché de 30 % de véhicules électriques d’ici à 2030. Le pays multiplie les incitations fiscales et développe des usines de batteries et d’assemblage.
- Au Moyen-Orient, les différents pays injectent des montants colossaux dans les infrastructures de recharge notamment.
- La montée en puissance de nouveaux marchés comme la Thaïlande, l’Australie ou le Brésil.
Mais malgré cette accélération, le “reste du monde” ne représente qu’une fraction minime de l’écosystème mondial.
Un marché globalement solide, mais de plus en plus contrasté
Au total, c’est plus de 16,5 millions de véhicules électrifiés qui ont été vendus à travers le monde entre janvier et octobre 2025, un rythme identique (+23 %) sur l’ensemble de l’année. Cette croissance reste robuste, certes, mais elle témoigne aussi d’une maturation du marché : les progressions ne sont plus uniformes, et les régions avancent désormais à des vitesses très différentes :
- L’Europe confirme sa trajectoire ascendante et veut rester au contact du géant chinois, malgré les tensions économiques.
- La Chine reste incontournable, avec des volumes importants qui servent de moteur global.
- L’Amérique du Nord prend du retard, ce qui révèle que le pays est encore trop dépendant des politiques fiscales et des incitations budgétaires.
- Le “reste du monde”, quant à lui, affiche une croissance dynamique (+37 %). Un chiffre encourageant mais qui reste encore trop marginal dans les volumes.

Une transition qui avance, mais pas au même rythme partout
Ces chiffres rappellent une réalité : l’électromobilité n’est pas un phénomène linéaire. Elle progresse, mais avec des dynamiques très différentes selon les continents. La taille du marché en Chine rend toute analyse globale fortement dépendante des chiffres chinois, ce qui peut masquer des situations plus faibles dans d’autres régions.
L’électromobilité avance, mais à plusieurs vitesses.















