Si l’on connaît de mieux en mieux les politiques en matière de véhicules électriques (VE) des grands pays européens, de la Chine et de l’Amérique du Nord, ces derniers sont loin d’être les seuls à faire preuve d’ambition et de détermination dans la transition des moteurs à combustion vers la mobilité électrique.

Le Costa Rica, réputé pour être l’une des nations d’Amérique centrale les plus soucieuses de l’environnement – ce qui n’est guère surprenant compte tenu de sa devise « Pura Vida » – n’a pas tardé à prendre le train de la mobilité électrique en marche. Figurant parmi les pays les plus riches de la région, le Costa Rica a pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. À cette fin, il a encouragé l’adoption de véhicules électriques en supprimant les taxes d’importation sur les voitures de moins de 33 000 dollars et en développant son infrastructure de recharge publique.
L’Éthiopie, de l’autre côté de l’Atlantique, a également pris des mesures audacieuses pour électrifier son parc automobile. Tout d’abord, en 2022, elle a réduit ou supprimé les taxes d’importation sur les VE en fonction de leur pays de fabrication (y compris les exonérations de TVA et de droits d’accise). Puis, en 2024, elle a pris une décision encore plus audacieuse en interdisant purement et simplement l’importation de véhicules à moteur à combustion. Voilà une belle initiative…
L’Australie n’est pas allée jusqu’à interdire les véhicules à combustion, mais le « Land Down Under » n’est pas passif en ce qui concerne le développement des VE. Elle s’est d’abord concentrée sur son parc de bus et les véhicules gouvernementaux, avant de mettre en place un plan stratégique visant à stimuler l’extraction de minerais et la fabrication de batteries au niveau national. Dernière annonce en date : l’introduction de nouvelles normes pour les distributeurs de véhicules, exigeant une réduction de 60 % des émissions de CO₂ d’ici à 2029. Une forte incitation à vendre plus de VE !
L’Inde, quant à elle, mise beaucoup sur l’électrification des deux-roues, ce qui est compréhensible puisque 80 % des Indiens en font leur principal moyen de transport. Le gouvernement investit massivement dans la stabilisation du réseau électrique, la construction d’infrastructures de recharge dédiées et la promotion de la fabrication locale de véhicules et de batteries, réduisant ainsi les coûts. L’objectif ? 80 % des deux-roues circulant sur les routes indiennes seront électriques d’ici à 2030. Le gouvernement promet également que, d’ici à cinq ans, 30 % des voitures particulières et 70 % des véhicules commerciaux seront également électriques. Cela suffira-t-il à redonner à New Delhi un air respirable ?

Le Japon n’a pas l’intention de se laisser distancer. Leader de longue date en matière d’innovation technologique et industrielle, le pays est étonnamment à la traîne en ce qui concerne le développement du tout électrique. Ses principaux constructeurs automobiles, pionniers de la technologie hybride, semblent hésiter à abandonner leur position dominante sur le marché dans ce secteur. Le gouvernement, quant à lui, se concentre sur l’hydrogène, une technologie qui n’a pas encore tenu ses promesses. En conséquence, les constructeurs automobiles japonais ont peu de modèles de VE dans leur catalogue et l’archipel dispose de peu d’infrastructures de recharge, ce qui se traduit par des ventes locales médiocres (seulement 1,4 % des ventes de voitures neuves en 2024 étaient entièrement électriques). Mais il y a une lueur d’espoir : le gouvernement a enfin pris des mesures et annoncé le déploiement de 300 000 bornes de recharge d’ici à 2030. Si les constructeurs japonais accélèrent le développement des VE comme prévu — en apportant leur sens de l’innovation qui a fait le succès de leurs hybrides — le Japon pourrait rattraper son retard plus rapidement que prévu.
À la suite d’une décision de justice rendue fin 2023, l’Allemagne n’a eu d’autre choix que de mettre fin aux subventions publiques visant à promouvoir l’achat de VE. Les conséquences ? 140 000 VE de moins vendus en 2024 par rapport à 2023. Preuve, s’il en était besoin, que les politiques publiques, en particulier les incitations financières, jouent un rôle crucial dans l’adoption des VE, même dans une puissance automobile au pouvoir d’achat élevé (les ventes globales de voitures neuves en Allemagne sont restées à peu près inchangées d’une année sur l’autre). En réponse, l’Allemagne a récemment introduit de nouvelles mesures d’incitation destinées aux entreprises, offrant des réductions d’impôts pour le passage à l’électricité. Avec un objectif audacieux de 15 millions de VE sur les routes d’ici 2030, l’Allemagne devra continuer à soutenir la transition, d’une manière ou d’une autre.
Longtemps associée au pétrole, l’Arabie saoudite investit pourtant massivement pour développer le marché des véhicules électriques au sein du Royaume. Tout d’abord, 1,5 milliard de dollars ont été consacrés à la construction d’une usine capable de produire 155 000 voitures « Made in Saudi Arabia » par an. Cette initiative a été suivie par le développement à grande échelle de panneaux solaires et, à terme, de stations de recharge, ainsi que par les ambitions du géant de l’énergie Aramco en matière d’extraction de lithium. Si le marché des véhicules électriques est encore loin d’être dominant en Arabie saoudite, les ventes de voitures neuves ont connu une croissance à deux chiffres chaque année depuis plus de vingt ans, et il y a un endroit où les véhicules électriques peuvent s’implanter !
La Chine et l’Union européenne, représentée notamment par l’Allemagne, ont entamé ce printemps des négociations sur l’importation de véhicules électriques chinois. L’Europe impose actuellement des droits de douane allant jusqu’à 45 % sur les VE chinois, ce qui limite leur pénétration sur le marché. En représailles, la Chine a menacé d’imposer des droits de douane sur les produits européens allant dans la direction opposée, ce qui pourrait toucher de plein fouet les producteurs français de spiritueux. Afin d’apaiser les tensions, surtout après que les États-Unis ont également montré leurs muscles, les discussions ont repris entre Bruxelles et Pékin pour envisager de fixer des prix minimums pour les véhicules chinois au lieu d’appliquer de nouveaux droits de douane. À suivre…
