Le constructeur chinois BYD envisage d’implanter sa troisième usine européenne en Espagne, selon des sources proches du dossier citées par Reuters. Le territoire espagnol serait le grand favori face à d’autres candidats européens.

Une implantation stratégique
Selon les dires de Reuters, cette future usine viendrait compléter celles déjà prévues en Hongrie et en Turquie, et s’inscrirait dans la volonté du géant chinois d’implanter durablement sa production sur le continent européen. L’objectif derrière cette politique constructive en Europe est clair : comme au Brésil, BYD veut fabriquer localement les véhicules destinés aux Européens, afin de réduire les coûts annexes, éviter les barrières douanières et s’adapter aux exigences réglementaires européennes.
Pourquoi l’Espagne ?
Alors que BYD s’était penché sur d’autres pays comme l’Allemagne, une source proche du dossier ainsi que le directeur national de BYD pour l’Espagne et le Portugal, Alberto De Aza, ont récemment expliqué à Reuters les raisons pour lesquelles l’Espagne serait un endroit idéal pour l’expansion de BYD en Europe.
- L’Espagne dispose d’une main-d’œuvre qualifiée et de qualité similaire, mais les coûts de production sont nettement inférieurs à ceux de la France ou de l’Allemagne.
- Le pays est déjà doté d’un réseau logistique performant, avec des ports et des infrastructures permettant une distribution rapide à travers l’Europe et le monde.
- La mise en place depuis 2020 d’une politique industrielle soutenue par un plan d’investissement de 5 milliards d’euros, selon Reuters, pour attirer les constructeurs de la mobilité électrique.
- L’Espagne et la Chine ont créé de bonnes relations diplomatiques. L’année dernière, l’Espagne s’est abstenue lors d’un vote de l’Union européenne sur les tarifs douaniers sur les véhicules électriques de fabrication chinoise.
- Et surtout, l’énergie espagnole est de plus en plus “propre”, grâce notamment au développement massif du solaire et de l’éolien.
Tant de raisons pour lesquelles le géant chinois de l’automobile électrifiée pense sérieusement à poser quelques-unes de ses valises en Espagne.

Une stratégie d’expansion mondiale bien huilée
Depuis maintenant plus de deux ans, BYD accélère son implantation mondiale. C’est le cas en Europe, où le constructeur affiche une ambition claire : produire sur place pour renforcer ses parts de marché.
On parle aujourd’hui de l’Espagne, mais BYD construit déjà une usine en Hongrie, à Szeged, qui doit démarrer sa production dès 2026 et une autre usine verra le jour en Turquie l’an prochain.
Le fait que BYD s’implante en Europe est régi par plusieurs objectifs : réduire les coûts d’importation, les délais de conception et de livraison, les risques liés aux transports, aux fluctuations des devises monétaires et aux barrières commerciales, surtout dans le contexte d’un durcissement des normes et d’une pression réglementaire plus forte en Europe. S’implanter en Europe permettra à BYD de s’adapter plus rapidement aux exigences et aux normes européennes.
Reuters indique que BYD souhaiterait, d’ici à trois ans, que la majorité de ses véhicules vendus en Europe soient produits localement.
Un besoin de progresser pour mieux régner
Depuis sa création en 2003, la marque chinoise croît exponentiellement. BYD propose ses véhicules à la vente en Europe depuis 2020, et les chiffres parlent d’eux-mêmes : BYD connaît une croissance spectaculaire sur le Vieux Continent.
- Ses ventes européennes ont bondi de 280 % sur les huit premiers mois de 2025.
- En avril 2025, BYD a même dépassé Tesla sur les ventes de voitures 100 % électriques en Europe (7 231 contre 7 165 unités selon JATO Dynamics).
- En 2024, la marque avait écoulé près de 57 000 véhicules sur le continent, pour environ 2,8 % de part de marché dans la catégorie électrique.
- En août 2025, les immatriculations dans l’Union européenne ont presque triplé en un an, atteignant plus de 9 000 unités sur le seul mois.
Des chiffres qui montrent à quel point BYD pourrait peser dans la transition européenne vers le tout-électrique d’ici à 2035.

Un défi de plus pour les constructeurs européens
L’arrivée de cette troisième usine renforcerait logiquement la présence de BYD face aux géants européens, déjà sous pression. Produire sur place pourrait aussi accentuer la concurrence sur les modèles de voitures de type SUV et familiaux. En effet, la marque chinoise propose des voitures de qualité à des prix défiant toute concurrence, là où les marques européennes peinent déjà à offrir des modèles abordables.
En s’implantant en Espagne, BYD enverrait un signal fort aux constructeurs, aux politiques, mais aussi à tous les Européens : celui d’une implantation à long terme sur le marché européen. Reste à savoir si les autorités européennes verront d’un bon œil cette nouvelle, dans ce contexte commercial tendu.