En Chine, une berline inconnue du grand public européen vient de réaliser un exploit symbolique. Depuis septembre 2025, la Maextro S800 s’impose comme la voiture la plus vendue au-delà du seuil des 100 000 dollars, devançant Mercedes, BMW et Porsche sur leur propre terrain. Un succès encore limité en volume, mais riche d’enseignements pour l’industrie automobile.

Une performance dantesque sur un segment verrouillé
Dans le très fermé club des berlines de luxe à plus de 800 000 yuans, (environ 100 000 dollars) la Maextro S800 a réussi là où peu de constructeurs chinois s’étaient aventurés. Le modèle co-développé par JAC et Huawei domine ce segment depuis septembre 2025. En novembre, ses livraisons mensuelles dépassent même celles de la Porsche Panamera et de la BMW Série 7 réunies. Avec un peu plus de 2 000 livraisons mensuelles en fin d’année, la S800 reste un modèle de niche, très loin des volumes des segments premium plus accessibles. Mais dans cette tranche de prix, où l’image de marque et la légitimité historique jouent un rôle clé, le symbole est extrêmement fort. C’est un nouvel entrant chinois qui prend la tête d’un marché longtemps réservé aux icônes européennes.
Derrière la S800, on trouve Maextro, marque premium créée conjointement par le constructeur public JAC et Huawei. L’accord initial, signé fin 2023, a été renforcé en 2025 pour donner naissance à une gamme positionnée clairement sur l’ultra-luxe technologique. JAC assure la production industrielle dans son usine de Hefei, tandis que Huawei apporte ses briques logicielles, son écosystème numérique et ses solutions de conduite intelligente. La S800, premier modèle de la marque, est lancée commercialement fin mai 2025. Son positionnement est très clair, une berline statutaire destinée à concurrencer frontalement les Mercedes Classe S, BMW Série 7, Audi A8 et Porsche Panamera avec des prix allant d’environ 708 000 à plus d’un million de yuans selon les versions.
Chiffres de ventes solides, données fragmentées
En six à sept mois de commercialisation, la Maextro S800 aurait franchi le cap des 10 000 exemplaires produits ou livrés. Les premiers jours ont été particulièrement dynamiques, avec plusieurs milliers de commandes en quelques semaines, signe d’un réel appétit du marché pour cette proposition atypique. Il convient néanmoins de souligner la nature des données disponibles. Les chiffres proviennent principalement de cabinets privés, d’agrégateurs de marché et de communications officielles des partenaires industriels, et non de statistiques publiques consolidées. Dans un segment ultra-premium peu transparent, cette limite est classique, mais elle impose une certaine prudence dans l’analyse.
Au-delà des ventes, la S800 s’impose surtout comme une démonstration de force technologique. La berline est proposée en versions électriques à prolongateur d’autonomie, combinant un moteur thermique 1,5 litre turbo à deux ou trois moteurs électriques. Les batteries, fournies par CATL, reposent sur une architecture 800 volts. Des temps de recharge particulièrement agressifs, avec des passages de 10 à 80 % annoncés autour de 10 à 12 minutes selon les versions sont proposés. Sur le papier, ces performances surpassent celles de nombreuses berlines de luxe européennes actuelles.

Une expérience pour l’élite, un signal stratégique
À l’intérieur, la Maextro S800 mise sur une expérience immersive assumée. Écrans omniprésents, affichage panoramique, dispositifs pour les passagers arrière et système audio comptant plus de 40 haut-parleurs composent avec les attentes d’une clientèle chinoise fortunée. La S800 ne séduit pas uniquement par son prix ou ses performances, mais par sa capacité à incarner un nouveau statut social, où la technologie et l’innovation priment sur l’héritage historique.
La Maextro S800 ne signe pas la fin des grandes berlines de luxe européennes en Chine. Les volumes restent limités et le segment ultra-premium demeure structurellement étroit. Les constructeurs chinois, épaulés par des géants technologiques comme Huawei, sont désormais capables de concurrencer les références historiques, y compris au-delà du seuil symbolique des 100 000 dollars. Pour l’industrie automobile mondiale, la leçon est claire et la bataille du luxe ne se joue plus seulement sur le prestige et le confort, mais sur la maîtrise du logiciel, de l’électrification et de l’expérience utilisateur.

Sources : cabinet ECC Intelligence – bloomberg.com – straitstimes.com





















