Véhicules électriques chinois stationnés au mégaport de Chancay au Pérou.

Des voitures électriques chinoises stationnées au mégaport de Chancay, au Pérou, le 13 novembre 2025, illustrant la montée en puissance des constructeurs chinois en Amérique du Sud. (Crédit : REUTERS/Gerardo Marin)

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NewsPublié le 17/11/2025
5 min

La ruée vers les véhicules électriques chinois en Amérique du Sud

L’Amérique du Sud connaît une croissance fulgurante des ventes de véhicules électriques, portée par les constructeurs chinois. Cette expansion s’opère alors que Tesla demeure largement absente du continent. Selon Reuters, les consommateurs adoptent ces modèles abordables, tandis que les ports et réseaux logistiques régionaux se transforment rapidement.

Véhicules électriques chinois stationnés au mégaport de Chancay au Pérou.
Des voitures électriques chinoises stationnées au mégaport de Chancay, au Pérou, le 13 novembre 2025, illustrant la montée en puissance des constructeurs chinois en Amérique du Sud. (Crédit : REUTERS/Gerardo Marin)

L’essor d’un marché encore jeune

En 2019, l’entrepreneur péruvien Luis Zwiebach voulait acheter une voiture électrique fiable. Après un essai aux États-Unis, il a découvert les limites administratives péruviennes. Malgré ces obstacles, il a trouvé un propriétaire prêt à céder sa Tesla et l’a achetée. Ensuite, il a improvisé une mise à la terre avec une fourchette pour charger la voiture, montrant l’ingéniosité nécessaire à l’époque. Depuis, les choses ont changé grâce à l’arrivée massive de modèles chinois bien moins coûteux. Aujourd’hui, BYD, Geely et GWM dominent ce segment avec des prix environ 40% plus bas que Tesla. Par ailleurs, les constructeurs traditionnels comme Toyota et Hyundai renforcent aussi leur présence électrique. Cette diversité stimule un marché encore modeste, mais en pleine expansion au Pérou. Les hybrides et électriques y ont atteint un record de 7 256 ventes cette année, en hausse notable.

L’ouverture du port géant de Chancay a accéléré ce mouvement. Ce nouveau hub logistique, construit par la Chine, réduit fortement les temps de transport transpacifiques. Ainsi, les véhicules chinois arrivent plus vite et en plus grand nombre. Face aux restrictions commerciales croissantes en Europe et aux États-Unis, les constructeurs chinois trouvent en Amérique du Sud une porte d’entrée idéale. BYD prévoit déjà un quatrième concessionnaire à Lima et d’autres marques renforcent leurs réseaux. Zwiebach confirme que la demande progresse rapidement. Il a d’ailleurs développé de nouveaux services, incluant l’installation de bornes et de panneaux solaires. Cette demande touche aussi l’immobilier, où la présence d’un chargeur peut influencer un achat important.

Une conquête régionale accélérée

Les marques chinoises gagnent du terrain dans toute l’Amérique du Sud. Selon les analystes, elles profitent d’un marché local dépourvu d’offre abondante et compétitive. Elles proposent aussi des modèles adaptés aux besoins régionaux. Leur réputation en termes de qualité progresse rapidement. Au Chili, elles représentent déjà près de 30% des ventes de voitures neuves. Cette percée confirme leur stratégie d’expansion méthodique. En parallèle, l’adoption des véhicules électriques croît dans la région. D’après l’Agence internationale de l’énergie, la pénétration a doublé cette année. Cette progression repose sur des aides publiques et sur l’arrivée de modèles abordables. L’Uruguay se distingue avec une part impressionnante de 28% pour les nouvelles immatriculations. Au Brésil, les chiffres augmentent aussi malgré un marché plus protégé.

Même l’Argentine, pourtant freinée par une économie fragile, voit les ventes électriques grimper. BYD y a lancé ses premières activités cette année. La marque domine déjà plusieurs pays voisins. Cette réussite repose en partie sur l’association avec des importateurs locaux. Ceux-ci comprennent les attentes des consommateurs et facilitent la distribution. En Uruguay, les concessionnaires constatent un basculement rapide vers ces modèles. À Punta del Este, BYD dépasse désormais les marques européennes et japonaises. Les prix très compétitifs renforcent cet engouement. Un pick-up chinois peut coûter beaucoup moins que ses équivalents traditionnels. Cet avantage crée un écart décisif pour les acheteurs.

Vue aérienne du port de Chancay au Pérou.
Vue de haut du port de Chancay, infrastructure clé du commerce maritime reliant la Chine à l’Amérique du Sud. (Crédit : Cosco)

Le rôle clé des nouveaux hubs logistiques

Le port de Chancay illustre cette transformation régionale. Les ouvriers y déchargent chaque semaine des centaines de voitures venues de Chine. Cosco Shipping prévoit près de 19 000 arrivées pour la fin de l’année. Ce port ne sert plus seulement le Pérou. Il redistribue maintenant des véhicules vers le Chili, la Colombie et l’Équateur. Cette stratégie renforce la place du Pérou dans la chaîne logistique régionale. Pour certaines marques comme Chery, cette plateforme accélère les livraisons sur plusieurs marchés. Les chiffres des douanes montrent une hausse spectaculaire des arrivées depuis janvier.

Cependant, ailleurs dans la région, cette invasion suscite parfois des tensions. Au Brésil, certains acteurs dénoncent une concurrence jugée déloyale. Les importations massives profitent de tarifs temporairement bas. Cela pousse les constructeurs chinois à investir dans des usines locales. BYD assemble déjà des modèles dans l’ancienne usine Ford de Bahia. Great Wall Motors produit aussi partiellement au Brésil. Ces investissements devraient permettre d’exporter depuis le Brésil vers d’autres pays d’ici quelques années. Les accords commerciaux régionaux renforcent cette perspective. Pour les industriels locaux, la remontée progressive des taxes vise à protéger la production nationale.

Une transition encore semée d’obstacles

Malgré cette dynamique, plusieurs défis persistent. Les distances longues et les infrastructures limitées freinent parfois l’adoption. Zwiebach souligne les difficultés pour parcourir toute la côte péruvienne sans planification. Les réseaux de recharge restent inégaux et nécessitent des investissements coordonnés. Toutefois, les coûts d’usage réduits des voitures électriques séduisent les conducteurs. Ces véhicules nécessitent moins d’entretien qu’un modèle classique. Cette économie attire de nombreux consommateurs à la recherche de solutions durables et économiques.

Dans les années à venir, l’Amérique du Sud pourrait devenir un terrain clé pour l’électromobilité mondiale. Les constructeurs chinois y voient une opportunité stratégique. Les gouvernements veulent moderniser leur parc automobile. Les consommateurs souhaitent réduire leurs dépenses liées au carburant. Cette convergence crée un contexte favorable à une adoption plus large. Si les réseaux de recharge s’améliorent, la croissance pourrait s’accélérer. Plusieurs pays ambitionnent déjà de suivre les trajectoires observées en Europe ou en Chine. Les prochains investissements décideront de la rapidité de cette transition.

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