Samedi 13 décembre 2025, Valérie Pécresse et différents élus ont inauguré le Câble C1, plus grand téléphérique urbain francilien. Long de 4,5 km, ce projet 100 % électrique divise les temps de trajet par deux entre Créteil et Villeneuve-Saint-Georges. Une révolution suspendue qui redéfinit la mobilité durable en milieu urbain sur-emprunté.

Une inauguration en fanfare à Limeil-Brévannes
Ce samedi matin, la cérémonie d’inauguration s’est tenue à Limeil-Brévannes. Familles, élus et curieux se sont pressés dans les cinq stations du Câble C1 pour être parmi les premiers à embarquer dans ces cabines suspendues à parfois plus de 40 mètres au-dessus de plusieurs communes du Val-de-Marne. Au total, ce sont pas moins de dix personnes qui peuvent voyager dans une seule cabine, le tout en étant assises, en profitant d’une vue panoramique sur le territoire.
À cette matinée étaient réunis une bonne partie des élus et des décideurs de ce projet qui a vu le jour en 2013, il y a 12 ans maintenant. En effet, Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France et d’Île-de-France Mobilités, était présente aux côtés de Marie Gautier-Melleray, préfète et secrétaire générale aux politiques publiques, Étienne Stoskopf, préfet du Val‑de‑Marne, Olivier Capitanio, président du Département du Val-de-Marne, Louis Boyard, député du Val‑de‑Marne, ainsi que les maires des communes traversées : Françoise Lecoufle (Limeil-Brévannes), Kristell Niasme (Villeneuve-Saint-Georges), Métin Yavuz (Valenton) et Édouard Hénault, représentant de Créteil. Jessica Larsson, cheffe de la Représentation de la Commission européenne en France, était également présente pour symboliser le cofinancement européen du projet.
« C’est les Alpes sur Marne ! », a déclaré Valérie Pécresse. « On arrive au bout d’un parcours du combattant de plus de 10 ans. Il a fallu trouver les financements, convaincre les riverains… Pour les habitants du Val-de-Marne, c’est un signe de considération. »

18 minutes contre 40
Mais alors pourquoi décider de créer un téléphérique urbain ? Eh bien, les premières données sont démonstratives : avant le C1, relier Villeneuve-Saint-Georges à la station Pointe du Lac, terminus du métro 8, prenait plus de 40 minutes en bus ou en voiture, coincé dans les bouchons de la RD 101 et de la RN 6. Pour sa part, le téléphérique effectue le trajet en 18 minutes, par-dessus les obstacles : ligne TGV, gare de triage de Valenton, RN 406, lignes haute tension.
Et en plus, le service fonctionne de 5h30 à 23h30 en semaine, et jusqu’à 0h30 le week-end. Une cabine passe toutes les 30 secondes en heure de pointe, une capacité de transport qui fait que 11 000 voyageurs sont attendus chaque jour. Pour profiter de cette nouvelle amélioration urbaine, il faut être muni d’un Passe Navigo, ou bien, pour les voyageurs occasionnels, acheter un ticket Bus-Tram-Câble d’une valeur de 2 € (1,64 € avec Liberté+). L’accès est gratuit pour les enfants de moins de 4 ans.

Si le Câble C1 constitue une alternative rapide et écologique à la voiture, sa capacité limitée à légèrement plus de 10 000 voyageurs par jour montre que cette solution reste complémentaire aux autres modes de transport. L’intermodalité avec le métro et le bus demeure essentielle pour répondre à l’ensemble des besoins de mobilité sur l’axe.
Un projet écologique
Le Câble C1 fonctionne à 100 % à l’énergie électrique et a obtenu la certification HQE Infrastructures Durables. Ses 30 pylônes ont une emprise au sol réduite qui préserve les espaces verts traversés, notamment la coulée verte de la Tégéval.
Cette technologie monocâble porteur-tracteur se révèle moins invasive qu’un métro ou un tramway, puisqu’elle évite la construction d’ouvrages d’art lourds et réduit la durée et l’intensité des travaux, donc les nuisances et émissions associées aux chantiers classiques.

En offrant une alternative rapide et régulière à la voiture sur un axe aujourd’hui saturé, le C1 doit contribuer à réduire les embouteillages et, par ricochet, les émissions de CO₂, de NOx et de particules liées au trafic routier quotidien dans le secteur.
Le C1 affiche un coût total de 138 millions d’euros (132 millions pour l’infrastructure, 6 millions pour les 105 cabines). « Un métro souterrain n’aurait jamais vu le jour car le budget de plus d’un milliard d’euros n’aurait jamais pu être financé », explique Grégoire de Lasteyrie, vice-président du conseil régional chargé des transports. Trois ans de chantier seulement, du premier coup de pioche en 2022 à l’inauguration ce samedi, ont également permis de limiter dans le temps les impacts d’un projet de transport structurant sur le cadre de vie des riverains.
Le financement : un montage tripartite
L’un des nerfs de la guerre pour financer ce genre de projet est souvent de trouver les fonds nécessaires à sa bonne réalisation. Et les 132 millions d’euros nécessaires pour construire son infrastructure sont financés par la Région Île-de-France à 49 %, le Département du Val-de-Marne à 30 %, mais aussi par l’État et l’Union européenne à hauteur de 21 %. Les cabines (6 millions d’euros) et l’exploitation sont quant à elles financées à 100 % par Île-de-France Mobilités.
Le financement à hauteur de 21 % par l’UE souligne l’engagement de Bruxelles pour des mobilités électriques innovantes dans les métropoles denses. Et le Câble C1 incarne parfaitement cette priorité européenne : un mode 100 % électrique, certifié HQE, conçu pour substituer les trajets automobiles sur axes saturés et réduire les émissions. La présence de représentants de la Commission européenne à l’inauguration, dont Jessica Larsson en tant que cheffe de la Représentation en France, illustre cette volonté de visibilité : l’Europe finance concrètement des alternatives décarbonées, adaptées aux territoires contraints comme le Val-de-Marne.
Ce soutien de l’UE intervient ici pour plusieurs raisons :
- Objectif décarbonation : le C1 mutualise l’énergie sur câble pour des cabines légères, optimisant la consommation par passager-km face aux voitures thermiques dominantes sur RD 101/RN 6.
- Échelle européenne : ce financement s’inscrit dans le cadre du Green Deal et des fonds pour la mobilité durable (CEF Transport, Connecting Europe Facility), priorisant les projets aériens low-carbon en zone urbaine.
- Modèle reproductible : avec 138 M€ au total (vs 250 M€/km pour métro), le C1 devient un cas d’école pour d’autres métropoles européennes.
Sécurité et acceptabilité au rendez-vous
Les téléphériques sont considérés comme l’un des moyens de déplacement les plus sûrs au monde, selon le service technique du ministère des Transports. En France, le dernier accident meurtrier remonte à 1999 dans les Hautes-Alpes.
Pour ce nouvel investissement en faveur du transport écologique, chaque cabine est équipée de vidéosurveillance, d’un interphone relié au centre de contrôle de Limeil-Brévannes, et d’agents présents en station. Le système fonctionne sous la neige et jusqu’à 70 km/h de vent. Des capteurs surveillent en continu les conditions météorologiques.
Et si les transports parisiens, comme le métro par exemple, sont peu équipés d’accès PSH (Personne en Situation de Handicap) et laissent de côté les personnes qui ne peuvent pas se déplacer librement, avec le Câble C1, c’est un problème résolu. En effet, le téléphérique est 100 % accessible PSH :
- stations de plain-pied
- cabines adaptées aux fauteuils roulants
- assistance humaine en station
- information sonore et visuelle
- interphones d’appel
- bandes de guidage depuis l’espace public jusqu’au quai d’embarquement

Un laboratoire pour l’avenir des mobilités
Le C1 prouve qu’il est possible de désenclaver efficacement sans engloutir un milliard d’euros dans un métro souterrain. Mais la capacité reste limitée (11 000 voyageurs/jour contre 500 000 pour une ligne de métro classique), et la technologie ne convient pas partout. Elle excelle sur les territoires contraints, avec des besoins d’intermodalité forts et des dénivelés ou obstacles majeurs.
Au-delà du gadget technologique, ce téléphérique urbain incarne une vision pragmatique de la décarbonation des transports : fournir une alternative rapide, fiable et électrique à la voiture thermique sur une zone saturée. Avec le C1, désormais, la mobilité électrique vient d’en haut.

















