L’Australie, le nouvel acteur de la transition automobile
Longtemps perçue comme un pays dans lequel le marché de l’électromobilité est en retard par rapport à l’Europe, la Chine ou les États-Unis, l’Australie connaît depuis deux ans une véritable accélération dans l’adoption de la mobilité électrique. D’après le rapport mensuel VFACTS publié par la FCAI (Federal Chamber of Automotive Industries) et l’Electric Vehicle Council, ce mois de septembre en est l’illustration parfaite : plus de 30 % des ventes de véhicules neufs sont désormais électrifiées (hybrides, hybrides rechargeables ou 100 % électriques).
Ce chiffre, encore impensable il y a quelques années, rapproche le pays des standards de marchés pionniers comme la Norvège ou le Royaume-Uni, même si l’infrastructure de recharge reste en retrait hors des grandes villes.
Le changement n’est pas seulement technologique. Il est aussi culturel. Dans un pays où le ute (utilitaire) et le 4X4 sont rois, il est vrai que voir des Tesla Model Y, des BYD Sealion 7 ou encore des Chery Tiggo 4 s’inviter dans le classement des véhicules les plus vendus traduit une véritable bascule des usages.

Des chiffres records
En septembre 2025, 106 891 véhicules neufs ont été immatriculés, soit une progression de 7 % par rapport à 2024. Depuis janvier, le marché cumule 938 959 ventes, ce qui place 2025 en bonne voie pour dépasser le précédent record historique (1 220 607 unités).
Dans un contexte national d’inflation encore perceptible, cette dynamique s’explique par la refonte des flottes d’entreprises (+11,5 %), la solidité du canal des particuliers et une relance des locations (+8,5 %). À l’inverse, les achats gouvernementaux chutent de 13 %.
Sur le plan géographique, Victoria et l’Australie-Occidentale s’imposent comme moteurs de cette croissance.
Les constructeurs : domination japonaise, percée chinoise
Le marché automobile est toujours dominé par Toyota, Ford, Kia, Mazda et Hyundai, mais la vraie révolution vient de Chine. En septembre, c’est pas moins de quatre marques chinoises qui se sont hissées dans le top 12 des vendeurs de véhicules : BYD, GWM, MG et Chery. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs croissances sont vertigineuses : +178 % pour BYD, +172 % pour Chery, +30,1% pour GWM et enfin +4,4% pour MG.
Cette croissance se traduit par l’apparition de trois modèles chinois dans le top 10 des véhicules les plus vendus en Australie, à savoir la Chery Tiggo 4 (6ᵉ), la BYD Sealion 7 (8ᵉ) ainsi que la GWM Haval Jolion (10ᵉ). Elles font donc concurrence aux icônes locales (Toyota HiLux, Ford Ranger, Isuzu D-Max). La Tesla Model Y,
troisième véhicule le plus vendu et SUV numéro un du marché, illustre bien ce basculement vers de nouvelles préférences
Cette évolution ne se traduit pas uniquement par des chiffres de ventes, elle est aussi visible dans les flux d’importation. Même si le Japon conserve la première place comme pays d’origine des véhicules avec 26 590 unités importées en septembre 2025, la Chine avec 25 587 unités est désormais au coude-à-coude. La Thaïlande reste compétitive avec tout de même 20 996 véhicules importés en septembre 2025. La Chine se plaçait 3ᵉ au classement des pays importateurs de véhicules à la mi-année avec 102 938 livraisons, loin derrière le Japon et ses 187 078 livraisons. Cette tendance évolutive indique que Pékin a de très fortes chances de devenir, dès la fin de l’année, le premier fournisseur d’automobiles en Australie.

Électrification : une mutation accélérée
Les chiffres d’électrification du parc automobile australien sont éloquents :
• 12 076 véhicules électriques à batterie (BEV) vendus en septembre, en hausse de 88 % par rapport à septembre 2024.
• 4 491 hybrides rechargeables (PHEV), en progression de 81 % par rapport à septembre 2024.
• 14 811 hybrides (HEV), un chiffre qui confirme le rôle de ce type de véhicule dans cette transition.
Au total, les véhicules électrifiés pèsent 30,5 % du marché, tandis que l’essence pure tombe sous les 40 %. Une progression rapide puisqu’en 2021, la part des BEV ne dépassait pas 2 %.
Cette croissance s’explique par la multiplication de l’offre, la baisse des prix moyens et la visibilité donnée aux modèles électriques. Mais elle s’appuie aussi sur la stratégie agressive de constructeurs chinois, qui comblent un vide laissé par des marques européennes hésitantes, trop onéreuses ou trop haut de gamme.
Un marché vigoureux mais sous pression
Tout laisse à penser que 2025 sera l’année record pour l’industrie automobile australienne. Pourtant, sous la surface, la situation est plus fragile. Tous les constructeurs de volume recourent aujourd’hui à des remises massives pour écouler leurs stocks, ce qui diminue fortement les marges. Le volume croît certes, mais la rentabilité reste menacée.
Ce phénomène n’est pas propre à l’Australie : en Europe et aux États-Unis, la guerre des prix sur l’électrique – initiée par Tesla puis suivie par BYD – a contraint la majorité des marques à réduire leurs marges pour rester compétitives.
Un mois de septembre bascule
Septembre 2025 marque un tournant stratégique pour l’automobile australienne. Les SUV et utes continuent de dominer, mais l’électrification s’impose désormais comme un acteur à part entière et surtout comme le moteur de croissance de l’industrie. L’arrivée en force des marques chinoises accélère cette mutation et redistribue les cartes d’un marché historiquement dominé par le Japon et la Corée.
Ces chiffres et ces faits le confirment, l’Australie n’est désormais plus un marché en marge de la transition mondiale : elle devient un pays où coexistent tradition et modernité.