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NewsPublié le 06/11/2025
5 min

Renault plaide pour un gel de dix ans des règles européennes sur les petites voitures électriques

Face à la montée des prix et à la concurrence chinoise, Renault propose une stratégie ambitieuse. Le groupe souhaite geler la réglementation européenne sur les petits véhicules électriques pendant dix ans. Cette initiative viserait à créer des voitures plus abordables et adaptées aux besoins urbains.

Logo Renault en jaune et noir, constructeur automobile français
Le logo emblématique de Renault, constructeur français de véhicules électriques et thermiques

Vers une nouvelle catégorie de véhicules électriques

Selon Reuters, lors de la Journée de la filière automobile organisée par la PFA à Paris, François Provost, directeur général de Renault, a présenté son plan. Il propose de créer des voitures électriques de moins de 4,20 mètres, plus longues que les Renault 5 et Renault 4. La capacité des batteries serait limitée à 50-60 kWh, afin de réduire les coûts et d’offrir un prix accessible.

Pour illustrer son propos, François Provost a évoqué le prototype Hipster de Dacia, inspiré des « kei cars » japonaises. Selon lui, le gel de la réglementation pendant 10 à 15 ans permettrait de standardiser les modèles et de mieux optimiser les coûts. L’objectif est clair : rendre les véhicules électriques accessibles à un large public, tout en maintenant leur statut de « vraies voitures » plutôt que des quadricycles.

Une catégorie « M1-e » pour concurrencer efficacement

La Commission européenne travaille actuellement à la création d’une catégorie intermédiaire entre les quadricycles légers (L7) et les voitures classiques (M1). François Provost suggère de l’appeler « M1-e » pour différencier ces véhicules urbains des modèles sans permis comme la Citroën Ami. Cette catégorie permettrait de limiter les équipements coûteux imposés par les règles actuelles, tout en garantissant la sécurité de base.

En parallèle, le vice-président de la Commission européenne, Stéphane Séjourné, a annoncé des décisions à venir dès le 10 décembre. Ces mesures devraient faciliter la mise sur le marché de véhicules électriques compris entre 15 000 et 20 000 euros. Ce prix reste attractif pour le consommateur européen, tout en offrant un cadre légal stable pour les constructeurs.

François Provost, directeur général de Renault, lors de la Journée de la filière automobile
François Provost, directeur général de Renault, présente ses propositions pour les petites voitures électriques. (Crédit : Renault)

Des objectifs européens jugés trop contraignants

Lors de la 4ᵉ édition de la Journée de la filière à la Villette, plusieurs dirigeants ont alerté sur la multiplication des normes. D’ici à 2030, 107 nouvelles réglementations entreront en vigueur, certaines encore indéfinies. François Provost a rappelé que 25 % du temps des ingénieurs du Technocentre est consacré à la conformité réglementaire. Cette situation ralentit l’innovation et réduit la compétitivité face aux constructeurs chinois.

Pour illustrer la difficulté, il a comparé la situation à une course d’athlétisme : « Pendant qu’à côté de nous, nos compétiteurs sprintent pour un 100 mètres, nous, nous enjambons successivement 110 mètres de haies. » Ce constat souligne le besoin urgent de simplification des règles pour permettre un développement rapide et efficace de l’électrique en Europe.

Une filière européenne appelée à l’unité

Depuis 2019, les Journées de la filière reprennent l’esprit des états généraux de l’automobile de 2009. Ces événements visent à renforcer la solidarité entre constructeurs et équipementiers après la crise économique mondiale. Luc Chatel, ancien secrétaire d’État à l’industrie, a rappelé aux acteurs du secteur l’importance de se rassembler pour obtenir des ajustements de l’exécutif européen.

L’actuel président de la PFA a salué la cohésion retrouvée : « Dans une filière souvent divisée par des intérêts concurrents, vous avez su vous rassembler. » Cette unité est jugée essentielle pour influencer les décisions de Bruxelles et préparer le marché aux changements réglementaires annoncés en décembre.

Prototype Dacia Hipster, petite voiture électrique inspirée des kei cars japonaises
Prototype Dacia Hipster, modèle compact électrique servant d’exemple pour la future catégorie M1-e. (Crédit : Dacia)

Des voitures électriques abordables, mais à quel prix ?

L’Europe souhaite des véhicules électriques entre 15 000 et 20 000 euros. Cependant, atteindre ce tarif implique de faire des concessions. Les constructeurs devront réduire certaines caractéristiques, comme la sécurité passive ou la taille de la batterie. Les consommateurs devront donc accepter des compromis pour profiter de prix attractifs.

Malgré ces ajustements, la demande existe. La popularité de modèles comme la Dacia Spring montre que les citadins sont prêts à adopter ces véhicules. De même, certaines voitures comme la Citroën e-C3 montrent que des modèles électriques abordables sont déjà possibles, mais avec une autonomie limitée. La sécurité et l’autonomie resteront donc les principaux leviers sur lesquels les constructeurs joueront pour réduire les coûts.

Une réaction européenne attendue en décembre

Le 10 décembre, la Commission européenne présentera un cadre réglementaire adapté aux petites voitures électriques. L’objectif est de relancer la production européenne, d’accroître la compétitivité face aux importations chinoises et de répondre aux attentes des consommateurs. Ces mesures pourraient marquer un tournant pour le marché européen, longtemps freiné par des normes complexes et des coûts élevés.

La question reste entière : le public acceptera-t-il de voir ses voitures moins dotées en sécurité ou autonomie pour bénéficier de prix abordables ? La filière européenne espère que la réponse sera positive, afin de relancer l’industrie tout en préservant l’innovation et l’emploi.

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